C’est inédit : pour la première fois, la ministre des Sports, le Président du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) et son homologue du Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF) ont présenté ensemble leurs vœux au mouvement sportif, le 24 janvier, au siège du CNOSF. Signe, comme l’a rappelé Denis Masseglia, Président du CNOSF, que l’union doit primer pour mettre en œuvre un principe fondateur : « Mieux faire ensemble ».

La place des Fédérations

Pour Denis Masseglia, il est impératif de « promouvoir le modèle fédéral dont les missions sont indispensables pour l’éducation, la formation, le lien social, la santé, l’emploi, la performance et l’entretien d’une véritable culture sportive ». D’autant que l’ère du temps commande de « mieux quantifier pour mieux le faire partager » tout ce qui caractérise l’apport sociétal du mouvement sportif. Une consultation en ce sens devrait d’ailleurs être lancée prochainement.

Sachant que les fédérations n’en sont pas toutes au même stade. « Plus de la moitié d’entre elles sont prêtes à être responsabilisées sans tarder pour assurer un rôle de pilote, a affirmé le Président du CNOSF. En revanche, certaines ne sont pas prêtes. C’est le rôle du CNOSF de les accompagner dans cette évolution vers plus de responsabilité. Nous le ferons de concert et en accord avec le ministère des Sports. Cela nécessitera une approche concertée, parfois individualisée mais, surtout, beaucoup de compréhension de la part des clubs et des structures déconcentrées qui seront au cœur du projet de développement fédéral. »

Le rôle des clubs

Le club demeure, quant à lui, l’incontournable maillon de base. « Il est le fondement de notre action, a dit Denis Masseglia. Il est aussi indissociable des notions d’éducation et de vivre ensemble. Les valeurs du sport ne sauraient être effectivement valeureuses sans l’engagement total de milliers d’éducateurs bénévoles ou professionnels qui les enseignent dans leurs clubs, en particulier aux jeunes qui y adhèrent. C’est pour cela que l’encadrement doit être une priorité. Des perspectives prometteuses sont entrevues pour la reconnaissance des diplômes fédéraux pour enseigner contre rémunération. »

C’est précisément parce que les clubs fédérés assurent, dans beaucoup de territoires de la République, des missions d’intérêt général essentielles que le CNOSF plaide pour que soit entérinées de nouvelles formes de soutien aux emplois associatifs, lesquels pourraient devenir des « emplois aidants » et non plus, comme ils sont dénommés aujourd’hui, des « emplois aidés ».

En outre, il est crucial que les associations sportives qui voient le jour adhèrent au système fédéral. Un groupe de travail a été missionné pour faire des propositions en ce sens.

Les CROS et les CDOS au centre du jeu

« Il est important que nous construisions ensemble ce projet pour qu’il puisse être relayé au mieux sur le terrain. Je compte aussi sur les CROS, CDOS et CTOS pour assurer l’information et la promotion de ces nouveautés, a insisté Denis Masseglia. Leur rôle est essentiel pour la cohérence d’ensemble. Ils sont désormais tous en état de marche institutionnelle et fonctionnelle, après une longue période de réforme qui n’a pas été sans difficulté mais qu’ils ont, les uns et les autres, su appréhender avec succès. Ils doivent être un relais incontournable pour expliquer les enjeux de la nouvelle gouvernance conjugués à ceux des nouvelles pratiques. »

C’est pourquoi il a été demandé à ces organes déconcentrés du CNOSF d’organiser des réunions afin de contribuer à la dynamique de concertation voulue par le Président de la République, Emmanuel Macron. « Parce qu’il s’enorgueillit, à juste titre, de son action sociétale et citoyenne, le mouvement sportif se doit d’y participer activement non seulement à travers les grands thèmes mais aussi en évoquant les questions qui le préoccupent au quotidien », a justifié Denis Masseglia.

Paris 2024

La réussite des Jeux de 2024 n’est envisageable qu’à condition « d’être unis », a martelé le Président du CNOSF avec l’ambition affichée que « Paris 2024 change la place du sport dans la société française et conduise notre pays à passer d’une nation de sportifs à une nation sportive ». Un héritage dont les clubs, les fédérations, le CPSF et le CNOSF « seront les acteurs principaux une fois éteints les lampions de la fête ». Pour assurer l’implication de tous, « un projet stratégique partagé qui permette à chaque acteur du mouvement sportif d’y trouver ses aspirations et ses moyens d’actions » sera arrêté d’ici l’Assemblée générale du CNOSF, le 28 mai prochain.

Le sport de haut niveau

Pour ce qui est du sport de haut niveau, il importe de « redoubler d’exigence » pour un « gain de performance, pour gagner ce qui fait la différence entre une place de finaliste et une médaille ou, mieux encore, pour passer de l’argent et du bronze à l’or ». Là encore, « pour le mouvement sportif, il ne s’agit pas de faire à la place de, mais au contraire, là aussi, de mieux faire ensemble ». Le tout en s’attachant « à promouvoir un sport propre, authentique et sincère » sous la houlette de l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD) et de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA).

Le développement des pratiques

Il doit être abordé au regard de la mutation qui s’annonce, laquelle verra notamment le prochain Conseil d’Administration du Centre National pour le Développement du Sport (CNDS) transférer les missions de ce dernier à l’Agence nationale du sport. Mais le principe de base, lui, demeurera inchangé : le projet associatif devra bel et bien être la référence pour tout financement public.

Avec, en toile de fond, la nécessité de « faire cohabiter un objectif de moyen ou long terme exprimé par ce projet associatif avec des objectifs de politique publique dont on attend de la rentabilité à court terme », a expliqué Denis Masseglia. Pour cela, une solution s’impose : « sanctuariser une dotation pour le développement fédéral » dans la mesure où « c’est désormais aux acteurs du monde fédéral qu’il appartient de saisir cette opportunité unique. Cette responsabilisation est absolument indispensable. »

La chaîne télé du CNOSF

Le projet de chaîne sportive du CNOSF ne sera pas mené en partenariat avec France Télévisions pour cause d’impératifs financiers incompatibles. Néanmoins, l’objectif demeure de « mettre sur pied une chaîne sportive accessible au plus grand nombre et dénuée d’exclusivité », a résumé Denis Masseglia. Et ce, afin que « toutes les images que le mouvement sportif peut produire soient à la disposition de tous les diffuseurs, acteurs de l’audiovisuel comme du digital, (…) en misant sur le pluralisme plutôt que sur l’exclusivité ».

Alexandre Terrini