Dans une volonté permanente de rendre le sport accessible à toutes et tous, qui plus est plus aux personnes les plus fragiles et ce sans aucune discriminations, à la demande de certaines Ligues et Comités, le CROS Île-de-France s’est rapproché de l’association francilienne Kabubu.

Responsable de l’innovation au sein de cette association dont le nom signifie « l’amitié par le sport » en swahili, Simoné Etna explique de quelle manière l’organisation intervient pour lutter contre l’exclusion des personnes ayant un parcours d’exil.

Quelle est la raison d’être de l’association Kabubu ?
Elle a été créée en 2018. Sa mission principale est de favoriser l’inclusion sociale et professionnelle des personnes exilées et ce, à travers le sport. Pour cela, nous proposons trois types d’activités. Tout d’abord, des activités sportives hebdomadaires. Elles sont actuellement au nombre de sept (football, basket, boxe française, running, danse, gymnastique artistique et yoga), gratuites et ouvertes à tous sans distinction de statut. On ne demande d’ailleurs aucun justificatif aux gens qui s’inscrivent. L’objectif est en effet d’instaurer des possibilités de rencontre afin de créer du lien social entre les locaux et des personnes qui ont un parcours d’exil. Deuxième champ d’intervention, la mise en place de programmes de valorisation des compétences sachant que dès lors que l’on fait une demande d’asile, il est très compliqué de suivre une formation professionnalisante ou de travailler avant de recevoir la réponse de l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides). Nous avons donc imaginé des voies pour que les demandeurs d’asile et ceux qui bénéficient d’une protection internationale puissent intégrer des programmes de bénévolat dans le cadre de manifestations sportives, telle que la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, France 2019 ou de diverses associations. C’est pour eux l’occasion de se former à des missions spécifiques (accueil, logistique etc.). Les intéressés pourront ensuite valoriser dans leur CV l’expérience et les compétences qu’ils auront acquises. Enfin, le troisième axe est un programme de formation, lui aussi gratuit et intitulé FIT (pour Formation, Inclusion, Travail). Il s’adresse à ceux qui ont obtenu le statut de réfugié, une protection dite subsidiaire ou à des jeunes majeurs régularisés et qui aspirent à devenir animateur de loisirs sportifs (option jeux sportifs et jeux d’opposition). Il dure six moins et inclut à la fois un CQP (Certificat de qualification professionnelle), un accompagnement linguistique, en particulier pour ce qui a trait au vocabulaire sportif, et des ateliers spécifiques, par exemple relatifs au bilan de compétences, à la prise de parole en public ou encore, à une familiarisation au numérique. Ceux qui ont suivi ce cursus avec succès sont ensuite titulaires d’une carte professionnelle et peuvent être rémunérés en étant notamment recrutés par les collectivités locales pour officier dans le cadre des activités périscolaires mais aussi par des Ehpad, des centres de loisirs, des clubs sportifs ou d’autres associations et structures sportives. Ils sont en effet habilités à conduire des séances d’initiation à de nombreuses disciplines, qu’il s’agisse de sports collectifs ou de combat.

Nous sommes récemment entrés en contact avec le CROS Île-de-France afin d’étudier les possibilités de synergie dans la mesure où l’action de Kabubu s’inscrit pleinement dans les valeurs de l’Olympisme.

D’un point de vue pratique, comment ces activités se déclinent-elles ?
Nos activités sportives ont lieu dans différents gymnases municipaux parisiens pour lesquels la Mairie de Paris nous a alloué des créneaux horaires. Ils sont situés dans le Xe, le XIIe et le XIVe arrondissement. Quant aux entraînements de basket, ils se tiennent dans le gymnase de l’Église américaine, dans le VIIe arrondissement, tandis que le yoga se déroule au sein d’une structure privée et le running dans les rues du XIXe arrondissement au départ de Jaurès. Toutes les séances, à raison d’une par semaine et par sport, sont encadrées par des coaches bénévoles. En règle générale, ils fonctionnent en binôme, ce qui permet de garantir la continuité des cours. L’objectif est de faire du sport tous ensemble. Quant au cursus menant à la délivrance du CQP, il a lieu en partenariat avec l’organisme de formation Profession Sport et Loisirs, la Fédération Française de la Retraite Sportive (FFRS) et l’association Kolone pour ce qui est de l’accompagnement linguistique. La première promotion a été constituée cette année et comprend onze candidats de sept nationalités différentes.

Où trouvez-vous le budget pour mener à bien ces projets ?
Nous sommes financés par la Ville de Paris, via le dispositif Paris tous en Jeux, lequel a vocation de soutenir les offres de formation aux métiers mobilisés par les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. D’autres institutions nous aident également comme la Direction Départementale de la Cohésion Sociale (DDCS), la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale (DRJSCS) dans le cadre du dispositif SESAME mais également l’Agence nationale du Sport (AnS) et des fondations tels que la Fondation de France ou le fonds de dotation Hoppenot. Par ailleurs, nous sommes récemment entrés en contact avec le CROS Île-de-France afin d’étudier les possibilités de synergie dans la mesure où l’action de Kabubu s’inscrit pleinement dans les valeurs de l’Olympisme.

Propos recueillis par Alexandre Terrini

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