Au terme d’un an de gestation et de travaux préparatoires, l’Association nationale de la performance sociale du sport (ANPSS) a officiellement vu le jour début juin, à l’initiative de l’Agence pour l’éducation par le sport (Apels) et d’un collectif d’associations, avec le soutien à la fois du ministère des Sports et de l’Agence nationale du sport (AnS).

La raison d’être de l’ANPSS tient dans ses deux objectifs fondateurs et complémentaires. D’une part, « faire reconnaître le monde sportif comme un acteur pertinent et efficace de l’inclusion des jeunes » ; d’autre part, « construire une véritable filière de la performance sociale du sport ». Ses promoteurs veulent faire de l’Association « un espace d’échange ouvert et bienveillant mais surtout d’actions concrètes au service d’actions innovantes ».

A l’aune de l’ampleur de la mission, il était logique que la composition de cette instance soit hétéroclite et comprenne des présidents de fédérations, des maires, des acteurs associatifs, des entreprises ou encore, des représentants des ministères des Sports, de la Ville et de l’Emploi. Les uns et les autres sont répartis au sein des cinq collèges (associations, fédérations, collectivités territoriales, entreprises et personnalités qualifiées) que comprend l’Association.

Faire société constituera un enjeu post-Covid

Surtout, l’avènement de l’ANPSS prend acte d’une sorte de New Deal qui a vu le sport devenir un enjeu sociétal ayant investi divers champs. « Cette performance sociale du sport s’inscrit dans un nouvel écosystème », confirme le ministère du Sport. D’où la  pertinence d’inclure l’ensemble des décisionnaires afin d’actionner tous les leviers. En l’occurrence, précise le ministère des Sports, « les villes françaises, principales sources de financement de ces projets (un tiers des budgets du sport), (qui) ne s’y trompent pas : elles sont les premières à innover en mettant en place de nouveaux services de sport insertion. Elles seront au cœur même de notre projet. » Ensuite, les fédérations sportives qui « ont un poids majeur dans le sport français. Elles prennent de plus en plus conscience de leur intérêt à innover. » Enfin, les entreprises, lesquelles « sont conscientes que le sport peut, par exemple, devenir un outil de recrutement et une source de compétences fortes pour se développer. »

Le lancement de l’ANPSS était indispensable à la fois pour fédérer les énergies et les bonnes volontés mais également pour donner une assise aux initiatives lancées çà et là. « L’innovation dont fait preuve le sport amateur est unanimement reconnue. Pourtant, elle a besoin de continuer à se doter d’outils de développement, d’essaimage et d’accompagnement pour amplifier son action au bénéfice de l’inclusion par le sport », justifie ainsi le ministère. Et la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, de renchérir : « Parce que la pratique du sport développe des compétences sociales, participe à l’insertion ou donne des perspectives de qualifications et d’emploi, le sport est générateur de performance sociale. Depuis des années, les acteurs associatifs, pionniers de la performance sociale œuvrent à l’insertion par le sport. Faire société constituera un enjeu post-Covid et le sport doit prendre sa part pour lutter encore plus contre les inégalités sociales, pour aider à recréer du lien. »

Déjà opérationnelle, l’ANPSS est rapidement entrée dans le vif du sujet. Pour preuve, dès la rentrée prochaine, elle réunira une centaine d’associations autour des bonnes pratiques de la performance sociale du sport et présentera les grandes innovations sociales du sport en lien avec leurs territoires et les acteurs économiques qui soutiennent cette démarche.

L’insertion sociale par le sport n’est plus un ovni

« L’ANPSS va permettre d’identifier ce qu’est l’insertion sociale par le sport, se félicite Ryadh Sallem, membre du Bureau exécutif du Crosif et du collège des associations de l’ANPSS en tant que fondateur de CAPSAAA. Jusque-là, c’était avant tout un concept que l’Administration, les entreprises ou les collectivités avaient parfois du mal à se représenter. Désormais, grâce à l’intervention de l’État, ce n’est plus un ovni mais un véritable process institutionnalisé et structuré qui bénéficie d’un financement et de règles claires pour tous. »

En somme, l’ANPSS était le maillon fort qui manquait : « Beaucoup de fédérations, de clubs et d’éducateurs de rue utilisent déjà le sport comme outil pédagogique et éducatif. L’Association va précisément accompagner tous ceux qui veulent s’investir dans cette thématique de l’insertion et de la performance sociale par le sport. Elle va former, soutenir des projets, créer des évènements etc. Le mot performance implique la recherche d’un résultat et parle aussi bien au monde économique que sportif pour que des personnes puissent s’insérer en obtenant un métier. » Une dynamique à laquelle ne peut que s’associer le CROS Île-de-France.

Alexandre Terrini