Source FFH

Le 16 décembre, l’équipe de France est devenue championne d’Europe à Paris, en dominant la Russie par 24 à 21 (13-12). Déjà sacrées championnes du monde l’an passé, les Bleues s’affichent pour la première fois sur la plus haute marche continentale. En plus du titre de l’EHF EURO 2018, Siraba-Dembélé-Pavlovic et ses partenaires ont aussi décroché leur qualification directe pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Ce succès obtenu devant plus de 14000 spectateurs – un record – conclut une compétition Handballissime, de Nancy à Nantes, en passant par Montbéliard, Brest et Paris.

L’AVANT MATCH : L’affiche de la finale de l’EHF EURO 2018 est identique à celle du match d’ouverture disputé à Nancy le 29 novembre dernier. Une entrée en matière délicate pour des Bleues absorbées par la pression. Une défaite concédée 23 à 26 qui sera en réalité salvatrice. Car hormis le petit coup de mou face à la Suède, lors du tour principal à Nantes, les joueuses d’Olivier Krumbholz ont joué une partition sans fausses notes, avec quelques symphonies sublimes, notamment face au Monténégro et au Danemark, puis avant-hier face aux Néerlandaises terrassées dans l’antre de l’AccorHotels Aréna. Championne du monde en titre, l’équipe de France est autant favorite cet après-midi que la Russie, championne olympique. La finale des J.O. de Rio avait souri aux joueuses du sorcier Trefilov déjà victorieuses des Bleues en ouverture du Rio. Siraba Dembélé-Pavlovic et ses partenaires n’imaginent pas un tel copié-collé qui serait une terrible désillusion. Les Bleues se sont offertes une énorme lucarne médiatique ce week-end dans laquelle elles jetteront toutes leurs forces pour s’approprier une première couronne européenne et une qualification directe pour les J.O. de Tokyo 2020. Handballissime serait alors bientôt plébiscité par les académiciens pour une entrée fracassante dans le dictionnaire.

COMPTE-RENDU : Amandine Leynaud, Siraba Dembélé-Pavlovic, Estelle Nze-Minko, Béatrice Edwige, Grâce Zaadi (avec Allison Pineau), Camille Ayglon-Saurina et Laura Flippes, soit toujours le même sept depuis plusieurs matches, débutent leur première finale européenne.

La France vire en tête
Le coup d’envoi est donné par l’équipe entraînée par Yegueni Trefilov. La Russie, par sa pivot Ana Sen, ouvre le compteur de cette finale. Estelle Nze-Minko égalise. Les deux équipes marquent chacune leur tour et malgré l’exclusion de Daria Samokkina, à la 6e minute, le score est de 4-4 après 10 minutes de jeu. L’ambiance est exceptionnelle, un revival de la finale du Mondial IHF 2017 masculin où la France avait dominé la Norvège. Après le but de Béatrice Edwige, Allison Pineau est à son tour exclue. Daria Dmitrieva égalise à la 12e minute (5-5). Béatrice échappe aux griffes de la défense russe et obtient un jet de 7m. Alexandra Lacrabère voit son tir stoppé, soit le 2e échec dans cet exercice après celui manqué par Allison Pineau. Les défenses prennent le dessus sur les offensives. Alexandra Lacrabère s’en va planter son « spécial » mais Mayya Petrova réplique pour maintenir sa formation devant (6-7, 15e). Cette dernière est exclue pour une faute sur Orlane Kanor. Béatrice Edwige réalise un début de match exceptionnel avec un second but rageur (7-7, 16e). Pauline Coatanea apporte son écot avec un premier but dans cette finale continentale : la France repasse devant (8-7, 18e). Les Bleues signent un 3-0 pour mener 9 à 7. Un écart maintenu (10-8) après le 3e but d’Estelle Nze-Minko qui, étonnamment, ne figure pas dans l’équipe type communiquée plus tôt aujourd’hui par l’EHF. 14 060 spectateurs se sont massés dans l’AccorHotels aréna, soit le nouveau record pour la finale d’un Euro féminin. L’équipe de France boucle la première période avec une courte avance, 13 à 12.

Carton rouge pour Allison Pineau 
Les Bleues donnent le coup d’envoi du deuxième acte de cette finale 2018. Incroyable ! Les Bleues mènent l5-13 lorsqu’Orlane Kanor obtient un jet de 7m. Allison Pineau écope d’un carton rouge pour avoir légèrement touché, à la tête, la gardienne russe, sur jet de 7m. Un geste volontaire selon les arbitres danoises. Le penalty est accordé (16-13, 36e) mais Ali, en larmes, doit s’installer en tribunes. L’ambiance est hallucinante dans cette AccorHotels aréna chauffée à blanc. L’ailière gauche Polina Kuznetsova ramène son équipe à -2 (16-14, 39e). Les deux formations se rendent coup pour coup et les Bleues restent devant dans cette finale devenue électrique (16-18, 45e). Il reste 15 minutes à disputer dans cet EHF EURO 2018 ou un peu plus si les deux équipes ont besoin de se départager à l’issue des 60 minutes. Les exclusions de 2’ tombent et cette fois c’est Grace Zaadi qui sort. L’interception de Manon Houette puis son but permettent aux Bleues de prendre le large (19-16, 46e).

Le titre à portée de main
La ministre des sports, Roxana Maracineanu, Nikola Karabatic ou encore Kylian M’Bappé poussent aussi derrière les Bleues. Laura Glauser est impeccable avec un taux de réussite à 40%. Orlane Kano remet son équipe à +3 (21-18, 49e). Les Russes ne trouvent plus de solutions face à la défense française. Aie, le poteau repousse le tir de Laura Flippes, qui aurait offert un +4 à 10 minutes du terme. Il reste huit minutes à jouer lorsqu’Anna Vyakhireva inscrit son 5e jet de 7m (100 %). De l’autre côté, Alexandra Lacrabère marque aussi deux fois d’affilée, sur jet de 7m. Il reste 7 minutes à jouer et les Bleues sont bien positionnées devant (23-20, 54e). Le score se resserre dans le money-time (23-21, 56e) mais Alexandra Lacrabère inscrit un nouveau but plein de malice (24-21, 57e). Les Russes butent sur la défense tricolore et ne marqueront plus. Les Championnes du monde tiennent la Maison bleue et vont d’offrir un premier titre européen. Elles obtiennent aussi leur qualification pour Tokyo. La France s’impose 24 à 21 dans une salle en fusion. Quelle formidable conclusion du premier championnat d’Europe organisé en France ! Sylvie Pascal-Lagarrigue, présidente du Comité d’Organisation, et Michaël Wiederer, président de l’EHF, remettent les médailles de cet EHF EURO 2018 et félicitent les Handballeuses françaises.

DÉCLARATIONS :
Olivier Krumbholz (entraîneur) : Le titre ? Le bonheur ne tient pas qu’à cela non plus. Je l’ai dit aux joueuses dans le vestiaire : dans la vie, il fallait savoir apprécier les petits bonheurs de la vie de tous les jours et qu’il fallait essayer d’attraper les grands bonheurs des grands moments. C’est sûrement le match le plus exceptionnel que j’ai vu en termes d’émotion, parce qu’il y avait un public fantastique et parce qu’il y a eu un sketch. Une décision arbitrale qui me paraît incroyable. A ce moment-là, les filles ont été à l’unisson avec le public qui les a portées. Sur ce match il faut retenir que nous avons retrouvé une défense française extraordinaire. Nous avons eu quelques difficultés en attaque qui sont liées à la valeur de l’adversaire. Dans les 20 dernières minutes, nous avons défendu de manière incroyable. Il y a eu beaucoup d’entrées déterminantes, je pense à Amandine Leynaud qui sort peut-être le ballon du match, je pense à Astride N’Gouan qui rentre et qui a été très précieuse en attaque. Les joueuses avaient beaucoup travaillé et elles ont été très complémentaires. C’est une grande satisfaction et une émotion exceptionnelle. Je savais que le public allait nous porter mais à ce point-là, non.

Siraba Dembélé-Pavlovic (capitaine) : Je suis super contente. J’ai commencé en équipe de France avec l’Euro en Suède en 2006. J’ai eu des déceptions et des joies. Je connais le chemin parcouru pour remporter les deux dernières médailles d’or. Je savoure ce chemin car c’est tellement long et difficile. Nous avons joué avec beaucoup de sérénité. Nous avions vraiment envie de profiter de cette finale, que chacune puisse s’exprimer. Le mach a basculé au moment du carton rouge, cela nous a mis le feu eu lieu de nous affecter. Nous étions transcendées à ce moment-là.

Alexandra Lacrabère : Je suis heureuse et je suis épuisée. C’est fou ce que nous avons réalisé dans la continuité de l’an passé. Nous sommes la 3e équipe à réaliser le doublé Mondial-Euro après la Norvège et le Danemark. Nous aussi, nous avons appris à gagner et à être bonnes en attaque. Nous avons eu une maîtrise importante sur l’ensemble de la compétition, nous avons mené tous nos matches. Il y a juste eu le match d’ouverture où, je vous l’avais dit, nous étions submergées par l’émotion. Nous avons su nous remobiliser et nous remettre en question. Personne n’a surjoué. Je suis fière de faire partie de cette équipe, fière aussi pour Olivier qui nous a aussi apporté beaucoup de sérénité.

Laura Flippes : Je n’ai pas de mots pour décrire tout ce qu’il s‘est passé depuis mon arrivée en équipe de France il y a deux ans. Je suis juste super heureuse. Avec tout le travail que l’on fournit depuis quelques années, on mérite ces résultats. Le public a été au rendez-vous, il nous a poussé à réaliser ce résultat-là. Les équipes adverses vont encore plus nous craindre. Je suis toujours restée dans le match, il n’y a pas eu moment où j’ai douté. Nous sommes restées concentrées et lucides. Nous avons évolué et progressé pendant toute la compétition. Notre force est d’avoir joué à 16 joueuses pendant toute la compétition. Cela a encore fait notre force en finale.

Orlane Kanor : Nous avons un groupe incroyable avec beaucoup de diversité. Tout le monde est performant. Nous méritons ce titre. Nous avons bien travaillé et notre victoire est logique. Nous avons réalisé une très belle performance. Le public était là et nous a soutenu. Il fallait rester concentrées et stables. J’espère continuer avec l’équipe de France, surtout continuer à progresser.

Grace Zaadi : C’est franchement fou. Nous gagnons trop avec l’équipe de France (rire). Je n’arrive pas à réaliser ce soir. Nous avons eu confiance en nous. Nous n’avons jamais douté. Le carton rouge d’Allison nous a révolté.

LA SÉLECTION DE 16 JOUEUSES : 

Gardiennes : Laura GLAUSER (Metz HB) – Amandine LEYNAUD (Györ, Hongrie)

Ailières gauches : Siraba DEMBÉLÉ-PAVLOVIC (Toulon Saint-Cyr Var HB) – Manon HOUETTE (Metz HB)

Arrières gauches : Orlane KANOR (Metz HB) – Gnonsiane NIOMBLA (Metz HB) – Estelle NZE-MINKO (Siofok, Hongrie)

Arrière gauche / Demi-centre : Allison PINEAU (Brest Bretagne HB)

Pivots : Béatrice EDWIGE (Metz HB) – Pauletta FOPPA (Brest Bretagne HB) – Astride N’GOUAN (Metz HB)

Demi-centres :  Grace ZAADI (Metz HB)

Arrières droites : Camille AYGLON-SAURINA (Nantes LA) – Alexandra LACRABÈRE (Fleury Loiret)

Ailières droites : Pauline COATANEA (Brest Bretagne HB) – Laura FLIPPES (Metz HB)