Le premier Baromètre national des pratiques sportives a comme mérite de décrypter les appétences des français en la matière, leur évolution et les motivations auxquelles elles répondent. Un outil mis en place par l’Institut National de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire (INJEP) en lien avec le ministère des Sports. L’édition en 2018, la première du genre, a été réalisée en collaboration avec le Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de vie (CRÉDOC). Elle sera reconduite tous les deux ans avec l’ambition de fournir des données tangibles pour orienter et évaluer les politiques publiques dans le domaine du sport.

Premier constat, les français sont plutôt sportifs. La preuve, en 2018, 66 % de ceux âgés de plus de 15 ans (soit un peu plus de 36 millions) s’étaient adonnés à une pratique sportive au cours des douze derniers mois. Parmi les disciplines qui ont leurs préférences, figurent, par ordre décroissant de préférence, la course et la marche (40 % de français déclaraient pratiquer une activité qui en est issue), les activités de la forme et de la gymnastique (22 %), les sports aquatiques et nautiques (20 %) et les sports de cycles et motorisés (18 %).

Concernant la ventilation par sexe, la course et la marche sont marquées du sceau de la parité hommes-femmes. En revanche, à l’exception des sports de la forme et de la gymnastique, particulièrement prisés des femmes, les autres univers sportifs sont plus souvent l’apanage de la gente masculine. Un écart majoré quand il s’agit des sports collectifs et des sports de raquette.

La performance n’est pas l’objectif principal

Comme on pouvait s’y attendre, l’âge est un facteur discriminant. En effet, mis à part pour la course et la marche, le niveau de pratique des autres disciplines est quasiment divisé par deux après 40 ans. Sans compter d’autres éléments limitants. Très classiquement, le niveau de pratique est également plus bas lorsqu’il a trait aux personnes peu diplômées, disposant de faibles revenus et/ou, dans une moindre mesure, résidant hors des grandes agglomérations. Plus généralement, le manque de goût pour les activités physiques est le principal frein invoqué (surtout par ceux qui ne pratiquent pas et qui n’ont jamais pratiqué) devant les problèmes de santé (essentiellement par les anciens sportifs qui ne pratiquent plus). Néanmoins, tout n’est pas perdu et le vivier des adeptes potentiels de la chose sportive est réel quand on sait que l’envie de s’essayer à une nouvelle discipline est ressentie par un français sur quatre (25 %). De surcroît, parmi les 34 % de français qui n’ont aucune pratique sportive, un sur cinq souhaite s’y (re)mettre. Là, ce sont encore les activités de la forme et de la gymnastique (27 %), les sports aquatiques et nautiques (18 %) ainsi que la course et la marche (15 %) qui sont le plus souvent envisagés par les non-pratiquants.

Reste que dans la très grande majorité des cas, la performance n’est pas l’objectif principal qui anime ceux qui font du sport. En atteste le fait que la plupart d’entre eux se cantonnent à une pratique amateure, certes régulière et autonome mais davantage dans le but de se maintenir en bonne santé et de se détendre que de se dépasser ou d’éprouver des sensations extrêmes. Les notions de plaisir et d’amusement ainsi que le désir d’être en contact avec la nature pendant l’effort sont également récurrents.

Les pratiques autonomes privilégiées

Autre enseignement, plus inquiétant, celui-là, pour les associations sportives, le fait que les pratiques autonomes sont privilégiées par rapport à celles qui ont lieu dans un club ou une structure commerciale. En effet, insistent les auteurs du rapport, « les pratiques s’effectuant dans un cadre institutionnel ou associatif où le type d’entraînement, la durée ou encore la temporalité (le jour et l’heure) sont souvent contraints, sont relativement peu recherchées ». Les chiffres le confirment puisque seuls 24 % de ceux qui font du sport ont choisi comme cadre un club ou une association et 8 % une structure commerciale tandis que 61 % ont opté pour un environnement plus libre, synonyme de plus grande flexibilité et souvent moins onéreux car ne nécessitant pas d’acquitter une cotisation, de frais d’inscription ni de licence.

La pratique autonome offre en outre la possibilité de se dépenser sans la pression du regard de l’autre et à un rythme plus personnalisé. Des caractéristiques qui expliquent qu’elle impacte 61 % des activités. Sachant que c’est pour l’activité la plus pratiquée que l’inscription en club ou en association demeure la plus élevée (24 %). Cette dernière étant concurrencée par les structures commerciales mais également par les autres modes d’encadrement numériques (applications communautaires, YouTube). Avec, cependant, une modulation de taille : le type de discipline commande, pour partie, le contexte dans lequel elle s’exerce. Ainsi, la pratique autonome est-elle très largement (de 79 % à 89 %) répandue pour la natation, le VTT, le jogging, le vélo sur route ou la randonnée. Elle est au contraire minoritaire pour ce qui est du fitness, du tennis ou encore, de l’équitation.

Pourtant, ceux qui renoncent à s’affilier à une structure savent pertinemment ce qu’ils perdent : le bénéfice d’un encadrement qualifié et une moindre possibilité d’acquérir de l’expertise dans leur discipline. Un défi que doivent aujourd’hui relever les clubs, les Ligues et les Comités pour proposer une offre de pratiques suffisamment attrayante tant par son contenu que par ses modalités logistiques, horaires et tarifaires.

Alexandre Terrini