Le CROS Île-de-France s’est saisi à bras le corps de cette problématique qui gangrène le sport français. À la clef, la prochaine déclinaison d’un dispositif permettant de lutter sur le terrain contre ce fléau et de s’emparer le plus en amont possible d’éventuels faits délictueux pour en juguler au plus tôt les effets délétères.

À l’issue de son Conseil d’Administration du 3 février, le CROS Île-de-France a mis en place un groupe de travail affecté aux dérives et aux violences sexuelles dans le sport. Composé d’élus désireux d’œuvrer sur le sujet, il a accueilli, lors de sa première réunion, Véronique Lebar, Présidente du Comité Éthique et Sport, ainsi qu’un avocat de cette association. Créée, en 2013, à l’initiative de professionnels du sport, cette dernière a pour objectif « d’établir un dialogue constructif avec le mouvement sportif pour mettre en place des actions concrètes dans le but d’éliminer les défaillances éthiques de toutes sortes ». Une prise de contact qui a été l’occasion, pour les membres du CROS Île-de-France, de se familiariser davantage avec cette thématique et d’en approfondir diverses facettes ainsi que celles relatives aux violences dans le sport de manière plus générale.

Les dirigeants sont souvent démunis

Puis, début mars, ledit groupe de travail s’est mué en commission du CROS Île-de-France afin de donner davantage de poids à ses travaux au regard de la prégnance du sujet. Ses missions sont en effet d’importance. En l’occurrence, arrêter les modalités d’un arsenal de vigilance renforcée à l’échelle du sport francilien mais également formuler des préconisations à l’adresse de tous les dirigeants concernés au sein des clubs, comités et autres ligues. « Ils sont souvent démunis quand de tels faits se produisent au sein des structures dont ils ont la charge, justifie Evelyne Ciriegi, Présidente du CROS Île-de-France. Notre volonté est de les aider de façon à ce qu’ils soient en capacité de déceler le moindre dysfonctionnement. Nous voulons également qu’ils soient pleinement conscients qu’il en va de leur responsabilité, en particulier de veiller à l’honorabilité des encadrants et des bénévoles. » Les mesures qui seront mises en place seront diffusées via des supports (affiches, tutoriels vidéo, réseaux sociaux…) qu’il conviendra de définir pour assurer une communication la plus efficiente possible. L’ensemble sera piloté au niveau régional par le CROS Île-de-France et décliné à l’échelon départemental. Surtout, ces recommandations figureront dans le Plan Sportif et Territoire (PST) du CROS Île-de-France. « De nombreux CDOS sont intéressés et ont sollicité le CROS Île-de-France. Il est impératif que nous nous épaulions collectivement », insiste Évelyne Ciriegi.

En relai du ministère et du CNOSF

Plus largement, le CROS Île-de-France désignera des référents qui se focaliseront sur les déviances et les violences sexuelles. Par ailleurs, il va proposer des formations dédiées pour permettre à chacun d’appréhender au mieux ce phénomène des plus délétères, aussi bien en termes de détection que de solutions à activer. Et, bien entendu, il sera le relais de l’action du ministère des Sports ainsi que du plan élaboré par le CNOSF, lequel comporte trois axes. Tout d’abord, l’information et la sensibilisation en diffusant le plus largement possible, à l’intention des Présidents de Fédérations et de clubs, des licenciés, des encadrants, des bénévoles ou encore, des parents, les outils précisant la définition des faits de violences, notamment sexuelles, qui tombent sous le coup de la loi ainsi que les procédures à suivre et les numéros à contacter en cas de problème. Ensuite, la formation par des structures spécialisées. Là, il s’agira d’outiller les personnes les plus susceptibles d’être confrontées à des faits de violences afin qu’elles sachent comment réagir, repérer les signaux faibles, mettre en place des actions de prévention, effectuer un signalement etc. Enfin, l’accompagnement des Fédérations et des clubs dans la gestion des situations de violences, notamment sexuelles, y compris entre jeunes. À ce titre, le CNOSF entend dresser un état des lieux et constituer, lui aussi, un groupe opérationnel chargé, en lien avec la cellule dédiée au ministère des Sports, de transmettre les signalements, d’orienter les victimes comme les acteurs fédéraux vers les structures d’aide adaptées, de partager les informations et les bonnes pratiques dans la mise en œuvre de plans d’actions fédéraux et de conseiller les fédérations sur les mesures conservatoires et disciplinaires à édicter. Ce groupe opérationnel, pourra décider, le cas échéant, que le CNOSF puisse se constituer partie civile.

Alexandre Terrini