Pour les 100 ans du Maillot Jaune, une réception était organisée au palais du Luxembourg le jeudi 6 juin, en présence de Gérard Larcher, le président du Sénat, et Christian Prudhomme, l’organisateur du Tour de France. Evelyne Ciriegi représentait le mouvement olympique en sa qualité de Présidente du CROS Île-de-France.

Un hymne à l’excellence

Ils sont au sommet de leur art ! C’est le propre de ceux qui endossent le Maillot Jaune et c’est bien l’idée qu’il évoque chez les spectateurs qui l’attendent, l’observent et l’encouragent. Pour beaucoup, cette « toison d’or » est attachée aux noms des plus grands champions du sport cycliste. Eddy Merckx domine la hiérarchie, avec 96 jours passés dans sa tenue favorite (111 fois en incluant les demi-étapes), accompagné par les trois autres quintuples vainqueurs du Tour, représentant des époques et des styles différents. Jacques Anquetil en pionnier d’un cyclisme moderne au tournant des années 60, Bernard Hinault comme dernier tenant du « cannibalisme » et de l’attaque totale vingt ans plus tard ou Miguel Indurain au début des années 90 ont tous les trois hissé par leur maîtrise du sujet le Maillot Jaune au rang de distinction absolue. Leur domination sur leurs rivaux, autant que leur technique flirtant avec la perfection, ont contribué à en faire un symbole d’excellence, admiré et repris bien au-delà des sphères cyclistes et même sportives.

Le Graal que les champions poursuivent, objet de fantasmes et de stratagèmes plus ou moins fiables, dispose aussi d’une faculté à varier les délices. Avant de terminer son périple par un tour d’honneur sur la piste du Parc des Princes, de la Cipale ou sur les Champs-Élysées accroché aux épaules d’un grand seigneur de la route, le Maillot Jaune s’épanouit dans le peloton au contact de tous les types de coureurs. Loin de s’enfermer dans le rôle d’une relique inaccessible, il s’offre au gré des circonstances à des équipiers valeureux, récompensés de leurs initiatives par une poignée de jours de gloire. Ainsi, le gregario Andrea Carrea a précédé le Campionissimo Fausto Coppi en 1952 ; puis Cyril Dessel a vécu une journée en jaune en 2006 ; tout comme Tony Gallopin en 2014 avant de s’effacer devant Vincenzo Nibali dans la montée de La Planche des Belles Filles. Avec ces intérimaires dont il bouleverse la vie, le Maillot Jaune sait aussi jongler avec la notion du temps : une gloire éphémère se transforme en bonheur éternel.