Le sociétaire de la Dionysienne de Saint-Denis a décroché le quota Olympique en trampoline et a les faveurs des pronostics pour faire partie de la délégation tricolore qui se rendra au pays du soleil levant dans un peu plus d’un an. Pour lui, le fait que les Jeux aient lieu en 2021 est pleinement compréhensible et ne devrait pas changer grand-chose.

Vous êtes bien parti pour être du voyage au Japon…
J’ai assuré à la France d’avoir un quota Olympique en terminant huitième des Championnats du Monde, en novembre dernier, à Tokyo. Tous les finalistes se voyaient en effet délivrer un quota pour leur pays. Cependant, ce dernier n’est pas nominatif, ce qui signifie que je ne suis pas encore certain d’être celui qui sera sélectionné pour les Jeux. Pour l’instant, j’ai pris une longueur d’avance sur mes poursuivants mais ils se battent pour me rattraper.

Comprenez-vous la reprogrammation des JO à l’année prochaine ?
Bien sûr. C’est normal et justifié au regard de la situation sanitaire actuelle. Ce serait égoïste d’affirmer que le sport devrait passer avant. Sur le plan strictement sportif, certains athlètes seront peut-être désarçonnés par ce report mais, à titre personnel, cela me convient parfaitement pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le confinement va nous obliger à nous arrêter de nous entraîner pendant au minimum un mois et demi. Or, dans notre discipline, se réapproprier toutes les sensations que l’on a acquises met du temps, qu’il s’agisse du positionnement en l’air ou sur le trampoline, de la précision gestuelle etc. Par exemple, après deux semaines d’arrêt, deux mois sont parfois nécessaires pour retrouver un très haut niveau. Il faut tout recommencer car même si l’on sait faire les choses, on ne se sent pas à l’aise. On est incapable de réaliser à la perfection les enchaînements que l’on présente habituellement en compétition. Si les Jeux avaient été maintenus aux dates prévues, nous aurions donc eu du mal à nous y préparer. Par ailleurs, dans certains pays comme la Chine, nos adversaires continuent de s’affuter car les autorités locales ont les moyens de confiner tout le monde dans des centres d’entraînement. Nous aurions donc été désavantagés, sachant que d’autres états, eux, ont décrété le confinement plus tard que la France. Si bien qu’il n’y aurait eu aucune équité aux JO tandis que le niveau de la compétition n’aurait peut-être pas été le meilleur possible.

La préparation mentale, le seul outil qui me permet de conserver un bon niveau de sensations

Comment vous entretenez-vous durant le confinement ?
Même si je suis en maison, je fais essentiellement de la préparation physique et de la préparation mentale. Le but est de conserver de la souplesse pour protéger mon dos et le détendre car il m’a causé quelques petits soucis. Par ailleurs, je fais du gainage et de la musculation en suivant les programmes quotidiens que nous envoie notre préparateur physique, Mathieu Pereira ; en concertation avec l’entraîneur, Christine Blaise. J’effectue une ou à deux séances par jour, chacune d’une durée de quarante-cinq minutes. La préparation mentale, elle, se décline sous la forme d’une visioconférence hebdomadaire. Par ailleurs, je continue de travailler dans la semaine les éléments que me suggère ma préparatrice mentale, Claire Calmels, qui officie à l’INSEP. J’y attache beaucoup d’importance car c’est le seul outil qui, en ce moment, me permet de conserver un bon niveau de sensations dans l’optique de la reprise. Je fais essentiellement de l’imagerie, c’est-à-dire de la visualisation. Cela consiste à se représenter visuellement les mouvements que l’on doit accomplir tout en les ressentant. On peut en effet éprouver des sensations rien qu’en imaginant la figure que l’on exécute. Claire Calmels m’aide à me poser les bonnes questions en me dirigeant dans mon travail de visualisation. Elle ne connaît pas le trampoline et c’est une force car elle évoque des aspects qui ne me seraient pas venus à l’esprit. Cela m’aide à me remettre en question de la bonne manière et, par récurrence, à progresser techniquement. Pour le reste, les trampolines du commerce ne sont pas conçus pour reproduire les exercices que l’on fait à l’entraînement en conditions normales. En effet, une même figure à un mètre de hauteur ou à huit, ce n’est pas la même chose, ne serait-ce, une fois encore, qu’en terme de sensations. Sachant qu’en trampoline, l’essentiel est l’enchaînement des figures plus que la réalisation de chacune d’elles de manière isolée.

Qu’est-ce que le décalage d’un an des JO va changer dans votre carrière et votre vie personnelle ?
J’avais comme projet de reprendre mes études, en l’occurrence une licence pro en informatique, en septembre prochain. Je vais donc attendre un an pour le faire car mon but, à terme, est d’intégrer une école d’ingénieur. Sur le plan financier, je vais continuer à être aidé par mon club de La Dionysienne de Saint-Denis et à recevoir les aides personnalisées du ministère. Je n’ai pas d’angoisse à ce niveau. Du coup, je vais également rester pensionnaire de l’INSEP pour préparer au mieux les JO. Quant au mode de sélection des athlètes qui iront aux Jeux, il devrait rester inchangé. Il prendra en compte les performances des uns et des autres lors de trois compétitions de référence : les Championnats de France, les Championnats d’Europe et une épreuve de Coupe du Monde. Il en sera de même dans quelques mois d’autant que les Championnats d’Europe ont, eux aussi, été reprogrammés à la fin de cette année ou en 2021. Je suis très confiant, en particulier grâce au travail que je fais à l’INSEP avec tous les coaches. Si l’on continue dans cette voie-là, cela devrait le faire, sachant que l’objectif sera d’aller chercher une médaille Olympique.

Propos recueillis par Alexandre Terrini

Le sociétaire de la Dionysienne de Saint-Denis a décroché le quota Olympique en trampoline et a les faveurs des pronostics pour faire partie de la délégation tricolore qui se rendra au pays du soleil levant dans un peu plus d’un an. Pour lui, le fait que les Jeux aient lieu en 2021 est pleinement compréhensible et ne devrait pas changer grand-chose.

Vous êtes bien parti pour être du voyage au Japon…
J’ai assuré à la France d’avoir un quota Olympique en terminant huitième des Championnats du Monde, en novembre dernier, à Tokyo. Tous les finalistes se voyaient en effet délivrer un quota pour leur pays. Cependant, ce dernier n’est pas nominatif, ce qui signifie que je ne suis pas encore certain d’être celui qui sera sélectionné pour les Jeux. Pour l’instant, j’ai pris une longueur d’avance sur mes poursuivants mais ils se battent pour me rattraper.

Comprenez-vous la reprogrammation des JO à l’année prochaine ?
Bien sûr. C’est normal et justifié au regard de la situation sanitaire actuelle. Ce serait égoïste d’affirmer que le sport devrait passer avant. Sur le plan strictement sportif, certains athlètes seront peut-être désarçonnés par ce report mais, à titre personnel, cela me convient parfaitement pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le confinement va nous obliger à nous arrêter de nous entraîner pendant au minimum un mois et demi. Or, dans notre discipline, se réapproprier toutes les sensations que l’on a acquises met du temps, qu’il s’agisse du positionnement en l’air ou sur le trampoline, de la précision gestuelle etc. Par exemple, après deux semaines d’arrêt, deux mois sont parfois nécessaires pour retrouver un très haut niveau. Il faut tout recommencer car même si l’on sait faire les choses, on ne se sent pas à l’aise. On est incapable de réaliser à la perfection les enchaînements que l’on présente habituellement en compétition. Si les Jeux avaient été maintenus aux dates prévues, nous aurions donc eu du mal à nous y préparer. Par ailleurs, dans certains pays comme la Chine, nos adversaires continuent de s’affuter car les autorités locales ont les moyens de confiner tout le monde dans des centres d’entraînement. Nous aurions donc été désavantagés, sachant que d’autres états, eux, ont décrété le confinement plus tard que la France. Si bien qu’il n’y aurait eu aucune équité aux JO tandis que le niveau de la compétition n’aurait peut-être pas été le meilleur possible.

La préparation mentale, le seul outil qui me permet de conserver un bon niveau de sensations

Comment vous entretenez-vous durant le confinement ?
Même si je suis en maison, je fais essentiellement de la préparation physique et de la préparation mentale. Le but est de conserver de la souplesse pour protéger mon dos et le détendre car il m’a causé quelques petits soucis. Par ailleurs, je fais du gainage et de la musculation en suivant les programmes quotidiens que nous envoie notre préparateur physique, Mathieu Pereira ; en concertation avec l’entraîneur, Christine Blaise. J’effectue une ou à deux séances par jour, chacune d’une durée de quarante-cinq minutes. La préparation mentale, elle, se décline sous la forme d’une visioconférence hebdomadaire. Par ailleurs, je continue de travailler dans la semaine les éléments que me suggère ma préparatrice mentale, Claire Calmels, qui officie à l’INSEP. J’y attache beaucoup d’importance car c’est le seul outil qui, en ce moment, me permet de conserver un bon niveau de sensations dans l’optique de la reprise. Je fais essentiellement de l’imagerie, c’est-à-dire de la visualisation. Cela consiste à se représenter visuellement les mouvements que l’on doit accomplir tout en les ressentant. On peut en effet éprouver des sensations rien qu’en imaginant la figure que l’on exécute. Claire Calmels m’aide à me poser les bonnes questions en me dirigeant dans mon travail de visualisation. Elle ne connaît pas le trampoline et c’est une force car elle évoque des aspects qui ne me seraient pas venus à l’esprit. Cela m’aide à me remettre en question de la bonne manière et, par récurrence, à progresser techniquement. Pour le reste, les trampolines du commerce ne sont pas conçus pour reproduire les exercices que l’on fait à l’entraînement en conditions normales. En effet, une même figure à un mètre de hauteur ou à huit, ce n’est pas la même chose, ne serait-ce, une fois encore, qu’en terme de sensations. Sachant qu’en trampoline, l’essentiel est l’enchaînement des figures plus que la réalisation de chacune d’elles de manière isolée.

Qu’est-ce que le décalage d’un an des JO va changer dans votre carrière et votre vie personnelle ?
J’avais comme projet de reprendre mes études, en l’occurrence une licence pro en informatique, en septembre prochain. Je vais donc attendre un an pour le faire car mon but, à terme, est d’intégrer une école d’ingénieur. Sur le plan financier, je vais continuer à être aidé par mon club de La Dionysienne de Saint-Denis et à recevoir les aides personnalisées du ministère. Je n’ai pas d’angoisse à ce niveau. Du coup, je vais également rester pensionnaire de l’INSEP pour préparer au mieux les JO. Quant au mode de sélection des athlètes qui iront aux Jeux, il devrait rester inchangé. Il prendra en compte les performances des uns et des autres lors de trois compétitions de référence : les Championnats de France, les Championnats d’Europe et une épreuve de Coupe du Monde. Il en sera de même dans quelques mois d’autant que les Championnats d’Europe ont, eux aussi, été reprogrammés à la fin de cette année ou en 2021. Je suis très confiant, en particulier grâce au travail que je fais à l’INSEP avec tous les coaches. Si l’on continue dans cette voie-là, cela devrait le faire, sachant que l’objectif sera d’aller chercher une médaille Olympique.

Propos recueillis par Alexandre Terrini