La vice-Présidente du CNOSF et de la Fédération française de football (FFF) a été élue, le 29 juin, à la tête du CNOSF dès le premier tour avec 57,87 % des voix. Elle devance respectivement Thierry Rey (19,26 %), Emmanuelle Bonnet-Oulaldj (16,05 %) et Patrice Martin 6,82 %. Elle est la première femme à occuper ce poste. Mais ce serait une erreur de limiter son intronisation à ce fait d’armes.

Enfant, elle a suivi ses cinq frères qui, inlassablement, martyrisaient le ballon rond à Poissy, le fief familial sis dans les Yvelines. Son père, qui monta en grade à l’usine et s’éleva socialement à la force du poignet, y vit plus d’une objection, lui qui rêvait d’une discipline plus compatible avec l’image qu’il se faisait d’une fille s’adonnant à une activité sportive. Sa progéniture tint bon. Après s’être essayée à la gymnastique et à l’athlétisme, elle força son destin avec le soutien de sa fratrie. Elle effectua un premier entraînement des plus probants dans les rangs de la JSF Poissy. Suffisant pour donner corps à son projet. « L’histoire de ma vie se confond en quelque sorte avec celle du football féminin dont mon parcours reflète les évolutions, raconta-t-elle devant les sénateurs, en mai 2019. J’ai commencé à jouer, à l’âge de cinq ans, avec mes six frères. Lorsque j’ai voulu m’inscrire dans un club, on m’a répondu qu’on ne prenait pas les filles. Quand on est enfant, on se dit simplement que c’est comme ça… Ce n’est qu’après des années que j’ai intégré, en 1983, un club de Poissy qui entraînait des jeunes filles. Il y en avait soixante-dix. C’était aussi l’époque du premier match international dans les Yvelines, France-Norvège. Je me suis dit, en le voyant, que c’était ce que je voulais vivre. J’ai joué pendant dix ans au sein de l’équipe de France, avec quarante sélections internationales et trois victoires en championnat de France (sous les couleurs de Juvisy, N.D.L.R.). »

« Mon travail était une mission de vie, presque un devoir »

La suite est un fil d’Ariane que la successeuse de Denis Masseglia n’a jamais lâché : « Comme je ne pouvais pas vivre du football mais que j’étais passionnée de sport, j’ai choisi d’être professeur d’EPS. J’ai donc passé le Capes en 1993 puis l’agrégation en 1999 et j’ai obtenu mes diplômes d’entraîneur (dont une licence A UEFA) en 2003, notamment avec Didier Deschamps. J’ai été manager de la section féminine du PSG pendant deux ans. Ce club a eu la volonté de faire advenir des joueuses professionnelles mais l’a perdue en 2010. Je l’ai donc quitté et Noël Le Graët m’a alors sollicitée pour être élue avec lui au poste de secrétaire générale de la FFF. C’était la première fois, dans notre fédération, qu’un poste à responsabilité était proposé à une femme. »

Mais si la féminisation est une nécessité, la finalité est la mixité à la solde d’un vivre ensemble délesté de toute forme d’exclusion. « Quand je suis arrivée à la Fédération, je pensais que ma mission serait de faire en sorte que toutes les jeunes filles puissent jouer au football et que l’on gagne des titres. En fait, je me suis rendu compte que mon travail était plus une mission de vie, presque un devoir car le football a un pouvoir considérable dans notre société tout comme le sport en général. Et il y a de la place pour tout le monde ! En intégrant les hommes et les femmes, on ne pourra que gagner en harmonie dans notre société », martèle celle qui était jusque-là vice-Présidente du CNOSF en charge du développement et de la diversité des pratiques et vice-Présidente déléguée de la Fédération française de football depuis 2017 après, donc, en avoir été sa Secrétaire générale affectée au développement du football féminin mais également aux dossiers sport et handicap et football à l’école.

Un CV aux allures d’exception à l’heure où la gente féminine se heurte toujours à un plafond de verre, parfois de béton, quand elle aspire aux plus hautes fonctions dirigeantes, en particulier dans le domaine du sport. C’est pourquoi Brigitte Henriques loue les vertus de la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes de Najat Vallaud-Belkacem, laquelle a rendu la parité obligatoire dans les instances fédérales. « En matière de gouvernance, il était important d’accompagner les femmes vers les postes à responsabilité », justifie-t-elle.

« Je serai la porte-parole de tous les sports »

Pour autant, cette grande pudique, qui allie force d’âme et de caractère, n’a pas formellement fait de la cause de ses consœurs l’un des axes de son programme à l’aube de cette nouvelle mandature. Lesquels sont au nombre de six :

  • renforcer le rôle du CNOSF au service de l’intérêt général du mouvement sportif français ;
  • se mobiliser pour un plan de relance du sport à la hauteur des enjeux ;
  • accompagner la transformation économique numérique et durable des fédérations sportives et des clubs ;
  • poursuivre une action volontariste au service des grandes causes nationales du sport ;
  • participer pleinement à la réussite des Jeux de Paris 2024 et de leur héritage ;
  • faire rayonner le sport français et inscrire ses acteurs dans une stratégie internationale.

Un spectre suffisamment large et dense pour que le temps soit à la concorde et non à la marginalisation. C’est tout autant l’enjeu de cet après-scrutin. « Je serai la porte-parole de tous les sports, de toutes les fédérations, de tous les membres du CNOSF dans leur grande diversité et richesse », s’est d’ailleurs empressée d’assurer la Présidente du CNOSF sitôt après l’avoir emporté dans les urnes. Un impératif intangible alors que l’union est plus que jamais de mise pour sortir de la crise épidémique avec le moins d’encombres possible.

Il faut souligner l’élection d’Evelyne Ciriegi au sein de ce nouveau Conseil d’administration.

Alexandre Terrini

Découvrez le nouveau Conseil d’Administration du CNOSF

Brigitte Henriques, présidente
Nadir Allouache Bernard Amsalem
Michel Baczyk James Blateau
Emmanuelle Bonnet-Oulaldj Jean Michel Brun
Michel Callot Luc Chabrol
Betty Charlier Sophie Chipon
Évelyne Ciriegi Jean-Michel Cléroy
Nathalie Costantini Michel Darcy
Jean-Luc Dénechau Joël Dhumez
Christian Dullin Guy Drut
Gilles Erb Tony Estanguet
Charles Ferreira Mauricette Feuillas
Romain Girouille Astrid Guyard
Stéphane Hatot Guy Koller
Sylvie Le Maux Philippe Manassero
Patrice Martin Eric Monnin
Véronique Moreira Sarah Ourahmoune
Nathalie Péchalat Sébastien Poirier
Marie-Françoise Potereau Jean-Christophe Rolland
Didier Séminet Jean-Pierre Siutat
Éric Tanguy Luc Tardif
David Tebib Anne Tournier-Lasserve
Christian Vandenbergue Michel Vion
Guislaine Westelynck Jean Zoungrana