Le 14 octobre, le Président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé la mobilisation, sur trois ans, de 200 millions d’euros affectés à la construction ou à la requalification de 5 000 équipements sportifs de proximité ainsi qu’à l’acquisition d’équipements mobiles. Le Plan 5 000 terrains de sport d’ici 2024 bénéficiera forcément à l’Île-de-France.

Le constat est connu : avec un total de 310 000 équipements sportifs (soit 1 pour 221 habitants en Métropole), notre pays souffre d’un parc insuffisant, surtout dans les Quartiers prioritaires de la Ville (QPV) où le taux d’équipements est de 22 pour 10 000 habitants contre 34 pour 10 000 pour la population générale et dans les zones rurales. L’Île-de-France, qui abrite l’un et l’autre, n’est, hélas, pas en reste puisqu’elle est la lanterne rouge des régions françaises : elle possède en effet le ratio le plus faible entre le nombre d’équipements sportifs et la quantité de population.

Cette carence généralisée est d’autant plus dommageable que la demande est bel et bien là. En atteste la dernière étude sur le « Sport dans la ville », initiée par l’Union sport et cycle. Elle révèle que 65 % de ceux qui pratiquent un sport souhaitent disposer d’équipements supplémentaires, en particulier des espaces fitness de plein air, des piscines, des sentiers, des murs d’escalade et des terrains multisports.

Privilégier les terrains proches des lieux de vie ou de travail

C’est pourquoi l’Exécutif a opté, en la matière, pour une politique nationale sous la forme d’un plan massif de création d’équipements sportifs innovants et de proximité dans les territoires carencés. On est là dans un changement de paradigme revendiqué. Alors que, jusqu’à présent, l’État subventionnait prioritairement de grands équipements, en faible quantité, dont les usagers étaient in fine souvent éloignés, il s’agit désormais de privilégier les terrains proches des lieux de vie ou de travail et de répondre ainsi aux besoins du quotidien.

Le tout en favorisant la diversité des ‘nouvelles’ pratiques. Les investissements porteront certes sur des disciplines classiques où les besoins sont forts, à l’image de la création de 1 000 nouveaux dojos, salles d’arts martiaux et de boxe au cœur des quartiers prioritaires pour y faire émerger des lieux de pratique et des clubs grâce à l’implication des bailleurs sociaux et des collectivités. Par ailleurs, 500 terrains de basket sont censés voir le jour. Les activités physiques émergentes seront aussi soutenues, histoire de s’adapter à des appétences qui évoluent et se diversifient. Avec à la clef la mise en service, en Île-de-France et ailleurs, de plateaux multisports pleinement intégrés dans l’espace public et qui facilitent une activité sportive polyvalente (basket 3×3, tennis padel, fitness, skate, danses urbaines, parcours sport santé…). On l’aura compris, le but est d’instaurer les conditions d’une mixité d’usage entre pratique encadrée ou libre, au sein de clubs associatifs ou scolaires ou encore, de structures commerciales, que ce soit en loisir ou en compétition (amateur ou de haut niveau). Toutes ces déclinaisons « ne doivent pas être mises en concurrence mais au contraire assurer la diversité d’une offre adaptée à chacun, à chaque âge », prévient le Ministère chargé des Sports.

Le promoteur du projet, devra entretenir et animer l’équipement

La sortie de terre de chaque équipement sera soumise à une condition bien compréhensible : aucun d’eux ne devra être délaissé ou inoccupé. Concrètement, chaque site devra obligatoirement faire l’objet d’une convention assurant qu’un minimum d’heures par semaine seront occupées par un club ou un établissement scolaire et qu’une autre partie sera réservée aux pratiques libres. Par ailleurs, le promoteur du projet, devra entretenir et animer l’équipement. « La gratuité de ces lieux de vie favorisera l’initiation à la pratique », précise le Ministère.

Par ailleurs, pour s’assurer de leur pertinence et s’adapter aux spécificités des territoires concernés, leur implantation sera le fruit d’un diagnostic national et local préalable des besoins en collaboration avec les acteurs locaux du sport. L’idée est de générer, çà et là, une nouvelle dynamique. « La création de ces nouveaux équipements, véritables lieux de vie, va ouvrir de nouvelles perspectives par l’effet d’entraînement économique et de cohésion sociale qu’ils peuvent impulser sur le territoire et favoriser les interactions entre toutes les parties prenantes », suggère le Ministère chargé des Sports.

Les associations sportives pourront proposer des projets

Sous l’autorité du Ministère, l’Agence nationale du Sport (AnS) est chargée de mettre en œuvre le Plan qui comporte un volet national et régional. Ce qui signifie que dès 2022, les collectivités territoriales et les associations sportives (fédérations, ligues régionales, comités départementaux et clubs) pourront proposer des projets de construction que l’État financera a minima à 50 % et jusqu’à 80 % du montant subventionnable. En Outre-mer, l’État pourra soutenir jusqu’à 100 % du coût. Le but est en effet de réduire les procédures de cofinancements croisés.

Concrètement, les fédérations sportives volontaires pourront directement porter les projets retenus par les collectivités et recevront des fonds via des conventions dédiées. Ce sera l’occasion, pour elles, de « donner une nouvelle dynamique à leurs plans de développement en lien avec les collectivités territoriales », assure le ministère. De leur côté, les élus locaux auront aussi leur mot à dire en optant pour des formats de structures adaptés aux caractéristiques de leur ressort géographique.

Enfin, modernité et ère du temps obligent, l’Élysée entend promouvoir la sportech, notamment les salles multisports connectées autonomes, et des infrastructures qui satisfassent des critères environnementaux exigeants, en particulier thermiques afin d’être moins énergivores.

Alexandre Terrini