Le Premier ministre, Edouard Philippe, a présenté, le 28 mai, la phase 2 du déconfinement, laquelle entrera en vigueur le 2 juin. Le sport figure parmi les thématiques abordées. L’Île-de-France pâtit toutefois de sa situation pandémique moins favorable que dans les autres régions.

Le Premier ministre a annoncé « le retour progressif de la vie culturelle et sportive avec des contraintes spécifiques dans les zones de vigilance orange ». Une bonne nouvelle avec un bémol puisqu’en l’Île-de-France, le coronavirus continue de circuler nettement plus qu’ailleurs. De fait, il convient de distinguer les zones oranges (Île-de-France, Guyane et Mayotte), où les restrictions demeurent plus strictes, des zones vertes, soit tout le reste du territoire national, où le déconfinement a vocation à être effectué plus rapidement.

La réouverture des infrastructures

Première conséquence d’ordre logistique, les gymnases et les salles de sport franciliens rouvriront leurs portes le 22 juin et non le 2 juin comme dans les zones vertes. Une reprise d’activité qui, précise le ministère des Sports, ne sera pas automatique ni immédiate mais modulable. Elle sera activée « selon un calendrier propre à chaque collectivité ou exploitant, en fonction du délai nécessaire à la remise en service des équipements concernés après plus de deux mois de fermeture. Naturellement, leur réouverture devra se conformer aux protocoles sanitaires élaborés par le ministère des Sports. »

Surtout, quand bien même ces lieux recevront-ils de nouveau du public, il n’est, pour l’heure, pas envisagé que la pratique sportive soit identique à celle qui prévalait avant le confinement. Autrement dit, les règles actuellement en vigueur continueront de s’y appliquer de manière drastique pour les clubs sportifs. À savoir :

  • pas de rassemblement de plus de dix personnes  ;
  • le respect de la distanciation physique spécifique aux activités sportives (10 mètres pour une activité physique comme la course, 5 mètres pour une activité à intensité modérée) ;
  • l’impossibilité de proposer des sports collectifs ou de combat ;
  • l’application des gestes barrière ;
  • pas de contact entre les pratiquants.

Les piscines et les bases de loisirs feront l’objet d’un calendrier identique avec, de surcroît, pour les premières, un protocole dédié. En clair, il sera possible d’y nager à partir du 2 juin en zone verte et du 22 juin en zone orange. Néanmoins, en complément du guide de réouverture des équipements sportifs, le ministère des Sports va lancer, toujours le 2 juin, en collaboration avec l’Association nationale des élus en charge du sport (Andes), l’Association nationale des directeurs et intervenants d’installations et des services des sports (Andiiss) et l’Association des maires de France (AMF), une mission d’accompagnement des gestionnaires et des propriétaires de piscines. Objectif : expérimenter les protocoles sanitaires et d’accueil du public dans une vingtaine d’établissements. Toutefois, précise le ministère, « cette phase de test ne sera pas un préalable à l’ouverture générales des piscines. Elle sera un appui et un centre de ressources pour l’ensemble des exploitants des complexes aquatiques ».

La fin annoncée du huis clos

Le Gouvernement a ouvert la voie à la possibilité de programmer des compétitions devant des spectateurs mais en nombre limité et en imposant des modalités d’accueil drastiques : « Si, dans l’espace public, la limite du rassemblement autorisé demeure à dix personnes, (…) dans les établissements couverts recevant du public, la jauge d’accueil permise pour les organisateurs de manifestations sera fixée à 5 000 personnes maximum. Toutefois, le préfet est en capacité de réduire cette jauge en fonction des circonstances locales. » On sera donc là dans le cas par cas, avec la nécessité de faire preuve d’une vigilance extrême et de concevoir des protocoles susceptibles d’éviter une contamination de masse par la formation de clusters, comme l’a demandé Edouard Philippe : « Dans les espaces couverts et confinés (…) et en fonction de l’activité, les exploitants devront proposer et garantir des règles d’usage adaptées, notamment sur la capacité d’accueil et la distanciation physique. Les exploitants de lieux ouverts ou fermés (…) sont capables de déterminer les conditions d’organisation de leur salle (…) et s’ils sont capables de les organiser, alors ils doivent le mettre en œuvre de façon très stricte. »

Si, en théorie, les enceintes architecturalement fermées sont donc de nouveau opérationnelles, il n’en va pas encore de même pour les stades, lesquels ne bénéficieront pas d’une disposition similaire avant le 22 juin, voire plus tard et toujours avec une affluence maximale de 5 000 personnes. Sachant que le Premier ministre et les autorités scientifiques la redoutent terriblement. « Notre plus grand adversaire, ce sont les très grands rassemblements. Le risque est d’autant plus fort qu’ils auraient lieu dans un espace confiné, couvert et sans organisation spécifique », a insisté le chef du Gouvernement.

Quid des sports de contact et collectifs ?

Pour l’instant, la pratique de ces disciplines, dans leur version classique, demeure interdite jusqu’au 21 juin au minimum. Là, c’est donc le Guide des sports à reprise différée, publié le 25 mai, par le ministère, qui s’applique dans la mesure où ce document comporte, pour chacune de ces disciplines, des modalités alternatives permettant tout de même de s’y adonner en partie.

Toutefois, un régime dérogatoire à cette règle générale a été acté par l’Exécutif dans la mesure où tous les sportifs de haut niveau et professionnels sont habilités à reprendre une activité et le chemin de l’entraînement à compter du 2 juin. Cependant, rappelle le ministère « cette autorisation s’accompagnera, pour les sports collectifs et de combat, d’un protocole de dépistage régulier (…) dont la charge financière incombera aux instances sportives et aux employeurs ». Par ailleurs, « cette reprise d’une activité n’autorisera toutefois pas les contacts pour les sportifs avant le 22 juin mais permettra de reprendre un entraînement sous surveillance, avec un suivi médical renforcé qui doit permettre d’isoler immédiatement tout sportif symptomatique et d’encadrer scrupuleusement le retour vers une pratique sportive à la normale ».

Alexandre Terrini