Les structures franciliennes dédiées à la formation des futurs champions et championnes mais également des encadrants ont repris leurs activités à l’issue du confinement. Comme la quasi-totalité des acteurs du sport, elles abordent cette rentrée dans l’incertitude et la crainte qu’une éventuelle deuxième vague épidémique soit synonyme de nouveau coup d’arrêt. Pour éviter un tel scenario, elles ont pris toutes les mesures qui s’imposent. Tour d’horizon.

CREPS d’Île-de-France

« C’est compliqué », lâche d’emblée Michel Godard, Directeur du Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportive (CREPS) d’Île-de-France, à Châtenay-Malabry. « Nous avons mis en place quatre protocoles en fonction des publics que nous accueillons : le haut niveau, les stagiaires et la formation professionnelle, les agents du CREPS et enfin, les visiteurs. Nous sommes extrêmement vigilants. Nous faisons notamment un point tous les trois jours avec le médecin, la direction des ressources humaines, le responsable du haut niveau, celui des formations et les organisations syndicales. Nous essayons d’être le plus strict possible. »

Dernier exemple en date : les basketteurs ont été temporairement renvoyés chez eux après que l’un d’eux ai présenté des symptômes avérés du coronavirus. Tous doivent justifier de deux tests RT-PCR espacés de trois jours et, bien sûr, négatifs pour être autorisés à revenir au CREPS. Par ailleurs, tout entrant ou résident au CREPS est tenu de se soumettre à une prise de température quotidienne. En outre, chacun n’est autorisé à retirer son masque qu’à l’entraînement. De même, le lavage des mains est systématique dès que de besoin.

Quant aux capacités d’hébergement du centre, elles sont exploitées au maximum avec deux athlètes par chambre. Pour ce qui est des cours de soutien et du soir ou encore, des repas au réfectoire, les chaises ont été espacées afin de respecter la distanciation sociale. Quitte chaque fois à constituer des groupes restreints.

« En revanche, pour ce qui est des 350 000 heures de formation que nous dispensons annuellement, en temps normal, c’est plus difficile, admet Michel Godard. Nous avons déjà dû instaurer un système de visioconférence pour trois d’entre elles à cause de la présence de cas de Covid-19. Il faut quand même savoir qu’entre mars et août, le CREPS a perdu, en chiffre d’exploitation, 1,4 million d’euros, soit 40 % de nos ressources propres. Je suis inquiet pour l’avenir. »

CDFAS du Val-d’Oise

Comme le reconnaît Arnaud Zumaglia, Directeur général du Centre Départemental de Formation et d’Animation Sportives (CDFAS) du Val-d’Oise, sis à Eaubonne, « la rentrée est un peu compliquée » avec différents protocoles sanitaires selon le type de public concerné, qu’il s’agisse des trois pôles espoirs (handball, basket, athlétisme), de l’académie de football, des centres de formation etc. Pour ce qui est des athlètes, ils sont censés se déplacer et vivre en petits groupes rattachés à leur discipline. S’ils mangent ensemble, en revanche, ils ne se douchent plus dans les vestiaires mais dans leur chambre. Par ailleurs, les bonnes pratiques sont devenues monnaie courante. Désinfection régulière des mains, port obligatoire et systématique du masque sauf durant l’entraînement et lors des repas, instauration de circuits d’entrée et de sortie pour éviter de se croiser dans les couloirs, nettoyage des masques dans la laverie interne de l’établissement etc. : rien n’a été occulté. La scolarité, elle, se déroule dans des établissements partenaires de l’Éducation nationale.

« En fait, on a surtout créé de la distanciation sociale entre les pôles et instauré un protocole à respecter en cas de survenue de cas symptomatique, explique Arnaud Zumaglia. Le haut niveau n’est pas si compliqué que cela à gérer. Les cas contacts potentiels sont en effet limités au microcosme de chaque groupe, lequel a son propre fonctionnement et est autonome sur le site. Sachant que l’ARS ne nous a pas donné d’instruction pour limiter l’hébergement et l’accueil. » Néanmoins, les deux lits de chaque chambre ont été espacés. Quant aux tests RT-PCR, ils sont diligentés par les Fédérations ou les Ligues et Comités régionaux dont dépendent les internes. Et, au réfectoire, les tables ont été séparées alors que des créneaux horaires distincts ont été décrétés afin de réduire au maximum le nombre de personnes présentes en même temps au restaurant.

Pour ce qui est des visiteurs qui viennent suivre des stages, des séminaires de formation et autres, leur nombre a été restreint à chaque session afin de respecter une certaine distanciation sociale (environ 4 m2 par personne) dans les salles de cours. Chaque promotion prend, en outre, ses repas ensemble sans se mélanger avec les autres usagers du pôle. Il n’empêche, ce genre de prestations risque de régresser dans les prochaines semaines, avec la venue de l’hiver, quand il ne sera plus envisageable de se changer sur le bord du terrain et que, de surcroît, il sera toujours impossible pour les participants de prendre une douche dans la mesure où l’accès aux vestiaires demeure interdit. « Même s’il y a un peu moins de monde, pour l’instant, l’activité reprend progressivement et correctement », constate Arnaud Zumaglia en espérant que cela dure.

CNSD

Cinquante-neuf polistes, représentant cinq disciplines (taekwondo, handball, athlétisme, course d’orientation et natation) ont effectué leur rentrée le 30 août, à Fontainebleau, où est implanté le Centre National des Sports de la Défense (CNSD). Au sein de ces pôles espoirs réunis en un même lieu, l’Armée héberge des athlètes qui sont civils et non pas militaires.

Le médecin-chef du Centre a diffusé une circulaire rendant obligatoire le port du masque dans l’enceinte, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur des locaux. Sans compter la mise à disposition de gel hydroalcoolique à l’entrée de chaque bâtiment et le respect des mesures de distanciation sociale. Il a également été demandé à chaque interne de se soumettre à un test RT-PCR. L’évolution de la situation épidémique est, au demeurant, susceptible de rendre récurrente cette obligation.

Les conditions d’hébergement, elles, n’ont pas été modifiées avec un, deux ou trois pensionnaires par chambre selon les cas. Quant à la scolarité, elle a lieu au collège de la Vallée et au lycée Uruguay-France, à Avon. Néanmoins, certains professeurs se rendent sur site pour dispenser des cours de soutien. Si bien que dans les salles d’étude, les tables ont été écartées d’un mètre et chacun se voit attribuer une place nominative sans qu’il soit possible d’en changer.

Pour le reste, la pratique de chaque discipline, à l’entraînement et en compétition, demeure soumise au protocole édicté par la Fédération correspondante. « Les choses se sont organisées normalement même s’il faut surveiller les jeunes », sourit Alain Sapience, Vice-président de l’association des pôles sportifs implantés au CNSD.

Pôles de Vaires-Torcy

Dès le 23 août, tous les athlètes des pôles et leurs parents ont été accueillis sur place, en Seine-et-Marne, pour répondre à leurs interrogations, lesquelles ont surtout porté sur la vie en collectivité au regard de la situation sanitaire que l’on connaît. Sachant que les membres des pôles d’aviron et de canoë-kayak, tous collégiens et lycéens, sont logés sur la base et ont effectué un test RT-PCR en début de saison.

Les 120 lits sont occupés à raison de deux pensionnaires par chambre, lesquels suivent leurs études dans les collèges et lycées environnants. Au réfectoire, en revanche, un siège sur deux a été retiré pour assurer un espace minimal entre les uns et les autres. Idem en salle d’étude pour les quelques cours qui ont lieu sur site. Sur la base, le masque est de rigueur partout sauf sur l’eau. Sans compter l’obligation de se soumettre quotidiennement à une prise de température frontale. « Tout s’est très bien passé. Les anciens ont parfaitement épaulé et coopté les nouveaux, se félicite Christian Vandenberghe, Président de Nautisme en Île-de-France. Les gestes barrière, le nettoyage des bateaux… : tout cela était déjà en vigueur dans les clubs. Les rameurs en étaient donc parfaitement informés. »

Quant au centre de formation Nautisme en Île-de-France, lequel regroupe quarte sports (aviron, canoë-kayak, ski nautique et voile) et forme des techniciens destinés à officier dans les clubs, son fonctionnement a été modulé. En effet, les cours théoriques reprendront à la fin du mois en virtuel, autrement dit, en visioconférence. Quant à la partie pratique, elle sera dispensée in situ mais en affectant plus de salles et d’enseignants afin de limiter le nombre de stagiaires dans un même lieu et d’assurer une distanciation sociale.

« Globalement, on s’en sort plutôt bien », admet Christian Vandenberghe, conscient que rien n’est acquis.

Alexandre Terrini