Alors que la section francilienne de l’Association Française du Corps Arbitral Multisports (AFCAM) s’apprête à souffler sa dixième bougie et à honorer des officiels parmi les plus méritants, son Président mesure combien l’époque est ardue pour ces acteurs incontournables du sport.

Quelle est la raison d’être de l’AFCAM ?

Sa mission essentielle consiste à valoriser l’arbitrage et les arbitres mais également à faire remonter du terrain les problèmes auxquels ces derniers sont confrontés. En outre, elle a vocation à faire se rencontrer les arbitres afin qu’ils puissent échanger, partager leurs pratiques et bénéficier de prestations mutualisées, en particulier des formations.

Le 2 décembre, l’AFCAM organise une soirée de gala à plus d’un titre…

Par le passé, cette manifestation avait lieu en deux temps, l’un d’eux étant la remise des Trophées des jeunes officiels. Également, tous les quatre ans, nous programmons également une réception spécifique à l’intention des arbitres franciliens qui ont officié lors des Jeux Olympiques. La pandémie ayant totalement bousculé le calendrier, nous avons fait le choix de rendre simultanément hommage à l’enthousiasme des jeunes générations d’officiels et à l’expérience des plus anciennes. Cerise sur le gâteau, cet événement sera l’occasion de fêter notre dixième anniversaire dans la convivialité, laquelle a toujours présidé au fonctionnement de notre association.

En quoi consistent les Trophées des jeunes officiels ?

Nous demandons aux ligues et comités qui le souhaitent d’adresser, chaque année, des candidatures de jeunes arbitres âgés au maximum de vingt-cinq ans. Puis un jury, composé à parité de membres du CROS Île-de-France et de l’AFCAM, sélectionne les quatre dossiers les plus méritants. Et ce, sachant que nous nous efforçons de récompenser autant les femmes que les hommes et autant les sports collectifs que les sports individuels. Le profil idéal que nous privilégions est celui de candidats qui prennent véritablement à cœur leurs fonctions et toute la mesure des exigences techniques, physiques et morales qu’elles requièrent, tant pour leur propre épanouissement qu’au service des autres et du sport qu’ils aiment. Il y a en effet une humilité dont il ne faut jamais se départir quand on est arbitre. Par ailleurs, les Trophées des jeunes officiels comprennent le versement d’une dotation en argent aux lauréats pour les soutenir ainsi que la délivrance d’un diplôme et d’une médaille. À noter que les candidats qui n’auront pas été retenus seront néanmoins inscrits au tableau d’honneur des arbitres franciliens. Nous désirons en effet les mettre en valeur et les encourager à trouver leur voie.

« Les incivilités contre le corps arbitral sont plus importantes »

Quant aux arbitres olympiens, ils se voient remettre également une distinction…

Effectivement, en l’occurrence, la Médaille d’honneur des arbitres olympiques. Il faut en effet savoir qu’en moyenne, sur la cinquantaine d’arbitres français qui sont sélectionnés à chaque olympiade, une bonne dizaine sont des Franciliens. C’est l’occasion de montrer la qualité de la formation des officiels et de leur recrutement dans notre région. C’est aussi l’occasion de rappeler qu’à l’image des athlètes, il existe des officiels qui vont au bout de leur passion en étant sélectionnés pour les JO. Et que sans eux surtout, les Jeux et les rencontres sportives ne pourraient avoir lieu.

Déplorez-vous, en Île-de-France, une crise des vocations ?

Oui, même s’il est assez difficile d’avoir des chiffres précis sur le sujet. Nous avons lancé une grande enquête auprès des ligues et comités pour savoir ce qu’il en est mais nous n’avons pas encore obtenu de données consolidées. Cependant, les premiers résultats sont extrêmement inquiétants. C’est un sujet de préoccupation majeur. Je pense que la pandémie a considérablement bouleversé les mentalités et mis à mal la propension des gens à d’investir pour les autres. Elle a, au contraire, généré un repli sur soi et, disons-le, une forme d’égocentrisme. Sans compter le fait que le confinement a fait naître chez certains d’autres passions ou, à tout le moins, d’autres centres d’intérêt.

Selon vous, est-on dans une société qui respecte de moins en moins l’autorité et ceux qui l’incarnent, y compris sur les terrains de sport ?

Oui, il y a de ça. Depuis que les compétitions ont récemment repris à un rythme quasi normal, l’agressivité et les incivilités contre le corps arbitral sont peut-être même encore plus importantes qu’avant la survenue de l’épidémie. Quitte à les voir prendre de nouvelles formes, par exemple concernant la vérification du pass sanitaire. D’où ce message fondamental que le respect de l’arbitre ne consiste pas uniquement à respecter la personne en tant que telle mais également l’institution et le sport en général.

Comment faire pour y parvenir ?

Tout d’abord, en appliquant la loi, laquelle stipule explicitement qu’un arbitre est délégataire d’une mission de service public. Pour le reste, il faut espérer que les juridictions fassent preuve de sévérité lorsqu’elles ont à statuer sur ce type de débordements. Néanmoins, si la sévérité est une réponse, elle n’est pas la seule. Il est également nécessaire de faire œuvre de pédagogie en sensibilisant les acteurs du sport aux responsabilités qui sont les leurs. Enfin, il est important d’instaurer une publicité des sanctions pour conforter leur caractère d’exemplarité.

Propos recueillis par Alexandre Terrini

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