Sofia est une boxeuse de la catégorie poids plumes. En 2017, elle devient championne de France de boxe amateur dans sa catégorie. Mardi 13 juillet 2021, elle remporte son premier combat professionnel à Fontenay-sous-Bois, la ville de son nouveau club. Dimanche 24 avril 2022 elle décroche le titre de championne de France de boxe professionnel des poids légers face à Eva Debacker.

Après sa victoire lors de son combat de reprise le samedi 8 avril 2023, nous avons eu le plaisir d’interviewer notre fidèle ambassadrice du CROS Île-de-France, Sofia Nabet Sangare.
Durant cet échange enrichissant, Sofia a abordé différentes thématiques telles que l’organisation de ce combat de reprise, son combat, et ses futurs combats.

Pour ce combat de retour, 1 an après le dernier combat, Sofia a dû jongler entre les entrainements et l’organisation très complexe d’un événement sportif. A ce sujet nous avons demandé à Sofia comment a-t-elle géré le côté double casquette entre l’organisation et la participation cet évènement :

« C’est exactement ça, en fait on se rend compte que quand on a cette double casquette comme tu dis et bien il faut vraiment jauger et gérer cette énergie qu’on transmet parce que si je donne tout dans la préparation bah je n’arriverai pas à calculer mon organisation et il y aura un louper le jour ‘J’ et vice versa.
Il fallait que je partage cette énergie, avec mon mari on s’est dit qu’on allait faire du 50-50 (préparation-organisation) voire 80-20 si possible. Au niveau de la préparation on essayait de donner le plus possible et donner moins dans l’organisation, j’avais la chance d’avoir le CROS Île-de-France et Sarah Ourahmoune, j’avais également la chance d’avoir notre entourage qui nous soutenait pour nous aider dans l’organisation quand on était à l’entraînement. Mais oui, la double casquette elle a été très compliquée d’où le résultat final où on n’a pas forcément été très heureux de gagner mais plus soulagé en se disant mission accomplie. »

Par rapport à son combat et sa préparation nous avons posé la question suivante : Comment ça se passe de ton côté la préparation mentale et physique au niveau des entraînements, de l’alimentation, est-ce qu’il y a des gros axes que tu que tu vois au niveau de la préparation de ton combat, comment ça s’est passé

Sofia a répliqué : « Alors la préparation a été très intense parce que Adji et moi nous sommes boxeurs mais aussi nos propres promoteurs donc organisateurs de la soirée ce qui a ajouté forcément des éléments supplémentaires à la préparation, un handicap aussi pour la préparation parce qu’on ne pouvait pas être focus à 200% dans notre préparation au combat et parce qu’on était un peu éparpillés sur l’organisation, la recherche des adversaires, les finances qu’il fallait ajouter pour cette soirée. Le très gros avantage c’est d’avoir été soutenu par Sarah Ourahmoune avec qui on a partagé les tâches. Elle nous a prêté sa salle et a aidé à financer le reste de la soirée. Le CROS Île-de-France aussi nous a énormément aidé.

Côté préparation de boxeur, on a tout simplement enchaîné les entraînements après le travail donc tous les soirs on retournait à la salle afin de travailler sur la condition physique et les éléments techniques pour pouvoir être prêt le jour ‘J’. On a eu une courte préparation du fait qu’on a eu une date posée assez précipitamment mais sinon dans l’ensemble c’était concentration et réglage pour moi. J’avais du coup une préparation adaptée par rapport à ma santé parce que je n’arrivais pas à tenir la charge d’entraînement qu’Adji pouvait tenir par exemple ou n’importe quel autre athlète à cause de mon dos.

J’avais vite des crises de douleur j’avais mon corps qui fatiguait au bout de 2 jours seulement, donc c’était une préparation on va dire assez stressante très adaptée où quelquefois je ne pouvais pas boxer alors on partait sur le vélo. Puis j’ai pu revenir sur le ring donc ça a été un peu une découverte sur mon corps sur cette préparation là et je pense que du coup la 2e préparation ça passera beaucoup mieux parce que j’ai encore appris à connaître mon corps d’une certaine façon et ça m’a soulagé pour la suite. »

En ce qui concerne son combat et sa victoire Sofia nous a confié que :

« A ma grande surprise j’ai été très stressée au début mais pas stressée dans le sens où j’avais peur de de ma préparation, de mon adversaire, et de comment le combat allait se passer. J’étais juste bloquée dans ma tête en me disant est-ce que j’aurai assez d’énergie parce que j’avais été très éparpillée. Et en fait à ma grande surprise j’ai été même agréablement surpris de mon comportement parce que dès le premier coup de gong je me suis sentie très à l’aise.  J’ai eu l’impression que tout s’est allumé autour de moi que je voyais clair en mon adversaire. J’ai eu une très grande chance de pouvoir pendant ma préparation complète de m’entraîner avec Sarah Ourahmoune qui est d’ailleurs un gabarit plus léger que moi donc beaucoup plus rapide beaucoup plus oppressante et ça reste quand même la vice-championne olympique donc du coup c’est quelqu’un qui a un très gros bagage, une expérience et qui est très forte dans le monde de la boxe.

Sur le ring, je me suis retrouvée face à une boxeuse qui la veille n’était pas au poids, on avait engagé un combat 63 kilos et elle s’est présentée à 65 kilos 500 donc après la pesée forcément elle a encore plus pris ce qui fait que sur le ring je me suis dit bon ça va être un tout autre combat ça va pas être aussi rapide du coup. J’ai eu le temps de pouvoir analyser la situation j’ai eu le temps de pouvoir imposer ma boxe à moi, ma rapidité à moi, j’ai juste fait très attention aux coups qui arrivaient en face qui forcément étaient plus lourd donc plus dangereux j’avais un peu peur de prendre un mauvais coup.

 Mais le combat en lui-même je suis contente car il s’est bien passé je pense que je me suis libérée à partir du 2e round, fin du 2e round, j’ai essayé de faire des choses que je ne faisais peut-être pas avant et encore moins avant l’opération. J’ai essayé vraiment de montrer que j’ai un nouveau dos, un nouveau corps, une nouvelle préparation, un nouveau staff, c’est une nouvelle Sofia donc j’ai envie de montrer que je suis capable de faire plein de choses. »

 

Nous avons questionné Sofia sur ses ambitions, une possible participation au JO Paris 2024 et futures perspectives pour le futur. Elle nous a répondu que :

« Alors comme je dis souvent et surtout depuis mon opération j’arrête de me projeter aussi loin j’ai appris maintenant à vivre au jour le jour et parce qu’on ne sait pas de quoi demain est fait. Il faut dire la vérité quand on part avec des handicaps comme j’ai pu avoir suite à mes grosses blessures afin de pouvoir continuer à vivre heureuse et kiffer.  Je ne préfère plus me projeter j’y vais, je marche, j’avance, mais pour l’instant je ne me vois pas du tout aussi loin, on va monter les escaliers au fur et à mesure et apprendre ce que j’ai à apprendre au jour le jour. »

Sofia est une boxeuse talentueuse mais aussi un exemple pour les jeunes filles qui souhaite se lancer dans des sports de combat car malheureusement il n’y a que 25% de femmes licenciées en boxe en Île-de-France selon une étude de l’IRDS qui date de 2021.