La pandémie planétaire de Coronavirus COVID-19 a pris les allures d’une déferlante plus guère maîtrisable. Dans ces conditions, il n’était plus imaginable que les Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo aient lieu du 24 juillet au 9 août ni même quelques semaines plus tard, à la rentrée. Les autorités nippones, le Comité d’Organisation et le Comité International Olympique (CIO) se sont donc résignés à les décaler au maximum d’un an.

La nouvelle est tombée le mardi 24 mars en début d’après-midi et a, in fine, rassuré tout un chacun : le Japon a privilégié l’option qui s’imposait en suggérant de décaler d’un an les Jeux Olympiques et Paralympiques d’été en raison des ravages du Coronavirus COVID-19 aux quatre coins de la planète. Une recommandation que le CIO a évidemment validée dans la foulée. « J’ai proposé de reporter les Jeux d’environ un an et le Président du Comité International Olympique, Thomas Bach, a accepté à 100 % », a déclaré le Premier Ministre nippon, Shinzo Abe après s’être entretenu au téléphonique avec Thomas Bach. Ce dernier avait déjà préparé le terrain, la veille, en expliquant que le CIO avait « entamé des discussions avec tous les partenaires pour dresser un état des lieux du développement rapide de la situation sanitaire et de son impact sur les Jeux Olympiques et Paralympiques comprenant un scénario de report des Jeux ».

Nombre de Fédérations sportives et de Comités Olympiques nationaux faisaient pression pour que le calendrier soit modifié et avaient même menacé plus ou moins explicitement de boycotter les Jeux s’ils étaient maintenus aux dates initiales. En France, les politiques étaient à l’unisson. Ainsi, la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, avait-elle estimé que « l’annonce du CIO qui officialise le travail mené sur un potentiel report était nécessaire » car « l’urgence est ailleurs, dans les hôpitaux, les services publics et les Ehpad ». Le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, était sur la même longueur d’ondes : « Est-ce que j’ai vocation à demander la suspension des JO comme ministre de la Santé? Non. Est-ce que je me vois envoyer des athlètes, aujourd’hui, au Japon ou leur demander de se préparer dans de bonnes conditions? La réponse est non. » Elle aurait été tout autant négative si les Jeux de Tokyo avaient eu lieu en septembre ou en octobre prochain car rien ne dit qu’à ce moment-là, la situation épidémiologique serait définitivement stabilisée et que la virulence du Covid-19 aurait été définitivement jugulée. Ni que les athlètes auraient eu suffisamment de temps pour s’entraîner pleinement ni que tous les tournois et autres épreuves de qualification Olympique auraient pu avoir lieu normalement.

On est dans la solution de la moindre difficulté

Le Président du CNOSF, Denis Masseglia a apprécié que la voie de la sagesse l’ait emporté : « La décision a l’immense mérite de mettre fin à l’incertitude. Il n’y aura pas d’annulation, c’est un point très positif. Que le Japon soit prêt à organiser les Jeux avec un décalage d’un an, c’est une énorme performance avec des problèmes techniques et logistiques pas minces. Cela répond aux athlètes qui n’avaient pas tous la liberté de se préparer à des Jeux potentiellement repoussés à l’automne et cela répond au problème de l’épidémie dont on ne sait pas quand elle se terminera dans le monde. Le report à 2021 est raisonnable, prudent, probablement la meilleure des options. (…) La priorité était que les Jeux se déroulent avec toutes les garanties sanitaires et avec une préparation des athlètes qui apporte l’équité. »

Reste que sur le plan organisationnel, le plus dur commence. Pour éviter d’ajouter des problèmes à d’autres problèmes mais aussi pour préserver la morale sportive, le CIO a statué que les athlètes qui se sont déjà qualifiés pour les JO de Tokyo le resteront en dépit de l’ajournement des différentes compétitions censées distribuer des billets pour les Jeux, en 2021. Par ailleurs, il a confirmé le maintien des quotas alloués, en clair, le nombre de sportifs admis à concourir dans chaque discipline. On aurait, en effet, pu craindre que ceux-ci soient revus à la baisse en raison des écueils logistiques que la reprogrammation des Jeux va occasionner.

Néanmoins, tout est évidemment loin d’être réglé. Première question qui conditionnera tout le reste ou presque : quand auront lieu précisément les 32es JO en 2021 ? Au printemps ou en été ? « Toutes les options sont sur la table », a répondu Thomas Bach, le Président du CIO avant de préciser que l’on devrait être fixé d’ici quatre semaines. Sachant, toutefois, qu’initialement, deux championnats planétaires majeurs sont programmés durant l’été 2021: d’une part, les Mondiaux d’athlétisme, du 6 au 15 août à Eugene aux États-Unis ; d’autre part, ceux de natation du 16 juillet au 1er août à Fukuoka au Japon. Interrogé par BFM TV, Denis Masseglia, lui, plaide pour les mois de juillet et d’août : « La solution la plus simple et la plus pragmatique, c’est qu’il y ait le même créneau de dates parce que c’est celui qui a été choisi pour permettre la participation de tous les athlètes, y compris ceux qui sont professionnels. Il n’y a que dans un contexte de calendrier harmonisé que cela peut se faire. Si les Jeux étaient repoussés à une autre période de l’année, surtout dans le contexte actuel de report d’évènements sportifs, cela ne manquerait pas de se faire avec énormément de difficulté. Là, on est dans la solution de la moindre difficulté. »

Alexandre Terrini