Roxana Maracineanu, ministre des Sports, et Julien Denormandie, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, chargé de la Ville et du Logement, ont signé, le 19 avril, une circulaire interministérielle « Sports-Villes-Inclusion ». Pour la première fois, le sport va figurer, à des fins d’inclusion sociale, dans les contrats de ville.

« Cette initiative permet la reconnaissance du rôle majeur que remplit le sport dans la société », affirme le ministère des Sports. D’où la volonté de mettre en valeur son rôle d’inclusion sociale dans les zones urbaines, en particulier pour les jeunes issus des Quartiers prioritaires de la Politique de la Ville (QPV). Comme son intitulé l’indique, cette circulaire amorce le début d’une plus grande collaboration entre les ministères du Travail, de l’Éducation nationale, de la Cohésion des territoires et des Sports mais aussi avec le tissu associatif et sportif, sans oublier les collectivités. Ce qui signifie que les Comité Régionaux Olympiques et Sportifs (CROS) ont vocation à être impliqués dans ce dispositif. Ils feront partie de ce que le Gouvernement nomme la Grande Équipe de France des quartiers dont la mission sera de « réduire les inégalités » et de « ré-enchanter nos quartiers », dixit Roxana Maracineanu.

Les fédérations qui développent une action socio-sportive structurée

Concrètement, « il convient désormais que chaque contrat de ville (le cadre officiel dans lequel interviennent les pouvoirs publics et qui repose sur trois axes d’action : la cohésion sociale, le cadre de vie ainsi que le développement économique et l’emploi, NDLR) comprenne un volet intitulé Action sportive à vocation d’inclusion sociale et territoriale », stipule la circulaire.

Cette dernière précise les acteurs concernés. En l’occurrence, d’une part, les associations socio-sportives non affiliées aux fédérations sportives délégataires de l’agrément ministériel et, d’autre part, bien sûr, les clubs et les fédérations agréées qui développent une action socio-sportive structurée. Ce qui est le cas des ligues, des Comités et des clubs franciliens.

Des actions qui « se distinguent d’une activité sportive de droit commun »

Quant aux actions visées par le texte, « elles se distinguent d’une activité sportive de droit commun à vocation récréative ou compétitive car elles comportent toutes une finalité supplémentaire, partie intégrante du projet ». À cet égard, trois types d’initiatives ont retenu l’attention des tutelles dans le cadre des contrats de ville :

  • L’activité sportive « révélatrice de talents » qui consiste à « s’appuyer sur la pratique sportive pour repérer et valoriser des savoir-être et des savoir-faire mobilisables pour l’accès à la formation et à l’emploi ». Là, les préfets feront office d’intermédiaires pour « aider les acteurs sportifs mettant en œuvre de telles actions à se mettre en relation avec les missions locales, le service public de l’emploi ou bien directement avec des employeurs ».
  • L’activité sportive « porteuse de valeurs » qui fait du sport « un support pour diffuser des messages faisant la promotion de valeurs citoyennes : cohésion sociale, prévention et traitement des dérives (racisme, antisémitisme, homophobie, égalité hommes-femmes… ». Un critère auquel répondent les sessions « Sports en Filles » et « Sport en Mixte » proposées par le CROS Île-de-France.
  • L’activité sportive « projet de territoire » qui est une sorte de synthèse des deux points précédents. Et ce, dans la mesure où, justifie la circulaire, « l’inscription volontariste du sport sur un territoire peut permettre de mobiliser les jeunes publics dans une dynamique d’insertion et/ou de citoyenneté au sein et avec les acteurs de différentes institutions (l’école, l’entreprise…). Le sport peut ainsi favoriser la concertation de l’ensemble des acteurs d’un territoire autour de projets partagés. »

Les populations auront voix au chapitre

Pour mener à bien ces actions, il faut, bien entendu, des structures dédiées. C’est pourquoi les acteurs visés par la circulaire sont invités, « à travers la Gestion Urbaine et Sociale de Proximité (GUSP) », à « appeler l’attention de la collectivité à la nécessité de prévoir l’implantation d’équipements sportifs en accès libre, ouverts ou réservés afin qu’ils répondent à l’ensemble des besoins ». Leur localisation et leurs conditions d’utilisation ne seront, au demeurant, pas décidés unilatéralement en haut lieu puisque les populations auront voix au chapitre pour donner leur avis, en particulier dans le cadre des conseils citoyens. Par ailleurs, « le recours à la domotique et à la sécurisation des équipements sportifs pourra être envisagé pour faciliter les accès non surveillés aux équipements sportifs », assure la circulaire qui pose là les bases d’un changement de paradigme.

Soit mais avec quel argent ? Avec celui dévolu à la nouvelle Agence nationale du Sport, laquelle subventionnera « l’amorçage et l’émergence des projets », en particulier en « soutenant leur ingénierie et leur modélisation ». L’Agence financera en outre des équipements ainsi que des bassins d’apprentissage de la natation et devrait renouveler les crédits requis pour maintenir en poste 1 000 éducateurs sportifs.

Alexandre Terrini