Le Gouvernement s’inquiète de l’ampleur que prend la radicalisation, y compris dans le sport. Pour lutter contre ce fléau qui menace la République et son corollaire, la citoyenneté, la ministre des Sports Roxana Maracineanu, entend renforcer le dispositif de prévention et de détection mis en place à cet effet. C’est là le sens de ses propos tenus, le 13 février, lors de la deuxième édition du séminaire des référents prévention de la radicalisation et citoyenneté.

Le réseau de 200 référents placés au sein des Fédérations sportives, des établissements et des services déconcentrés est, en quelque sorte, le bras armé du Gouvernement pour identifier, recenser et juguler les dérives communautaristes. À noter que le CROS Île-de-France en compte plusieurs dans ses rangs. Ces « sentinelles de la citoyenneté », comme les appelle Roxana Maracineanu, assurent un maillage territorial à la solde d’une double mission : d’une part, faire œuvre de pédagogie en sensibilisant et en formant les acteurs, d’autre part, en contrôlant les structures..

L’enjeu réside dans la détection des situations déviantes

Roxana Maracineanu veut que ces envoyés spéciaux soient encore plus présents au sein des diverses instances du sport national : « Je souhaite que les thématiques d’éthique, d’intégrité et de citoyenneté fassent pleinement partie des campagnes des candidats à la présidence des Fédérations concernées par des élections en 2020. (…) Près de 200 actions de sensibilisation ont été initiées (en 2019, N.D.L.R.) au sein de Fédérations et de CREPS. 7 800 acteurs très divers du champ du sport – des entraîneurs, des dirigeants, des pratiquants, des cadres d’État et fédéraux mais aussi des élus des collectivités – en ont profité. Et ce, en organisant des conférences, des soirées, des séquences de sensibilisation ou de formation sur tout le territoire. Cette impulsion a permis de transmettre un contenu important mais aussi de mobiliser un réseau et de mettre en lien les acteurs de terrain autour d’un sujet de société, certes lié au sport mais qui le dépasse. Elle est à poursuivre afin que votre réseau continue sa montée en compétence, qu’il soit plus efficace et plus précis dans la lecture des situations mais, surtout qu’il reste vigilant tout au long de l’année. »

Avec comme leitmotiv, l’adage voulant qu’il vaut mieux prévenir que guérir : « L’enjeu commun à toutes les dérives, que ce soient la radicalisation mais également le dopage ou encore, les violences sexuelles, réside dans la détection des situations déviantes. Et, dès qu’un doute apparaît, de libérer la parole et de partager les situations vécues et rencontrées en se tournant vers les personnes bien identifiées et compétentes pour mettre en place un véritable accompagnement et suivi. »

Une collaboration avec le ministère de l’Intérieur

Pour cela, l’État mettra prochainement sur pied deux missions nationales d’appui afin de renforcer le pilotage et le déploiement territorial du dispositif mais également d’impulser et d’étendre les initiatives. L’une concernera l’éthique et la responsabilité tandis que l’autre se focalisera sur les violences sexuelles.

Lesdits 200 référents n’ont, en revanche, aucun pouvoir de police. C’est pourquoi le ministère des Sports a initié une collaboration sur le sujet avec le ministère de l’Intérieur. « L’État veut veiller, par des contrôles ciblés menés main dans la main avec le ministère de l’Intérieur, à ce que des dérives communautaires ou la radicalisation ne puissent pas pénétrer insidieusement le sport, a expliqué Roxana Maracineanu. Et ce, plus particulièrement dans les disciplines qui pourraient être utilisées par des personnes radicalisées comme les sports de combat, le tir ou les sports collectifs. »

Alexandre Terrini

Et au CROS Île-de-France ?

Sous l’impulsion de Patrick Karam, Vice-président de la Région Île-de-France chargé des Sports, des Loisirs, de la Jeunesse et de la Vie Associative, le CROS Île-de-France et les services de la Région ont mis en place des formations de référents « prévention de la radicalisation ». Cette formation est née de la volonté de mettre en place et de former un réseau d’alerte autour des questions de défense des valeurs de la République et de prévention de la radicalisation, composé de référents régionaux désignés par les Ligues et Comités régionaux sportifs.

En 2019, 191 personnes ont été sensibilisées à la Laïcité au CROS Île-de-France.

Fin 2019, en association avec le Commissariat général à l’égalité des territoires (Cget), le CROS Île-de-France a activement participé au déploiement du plan de formation « Valeurs de la République et Laïcité » (VRL) au sein du Mouvement Olympique et Sportif francilien. L’objectif est de former les professionnels du mouvement sportif francilien tels que les animateurs, éducateurs, bénévoles et dirigeants associatifs.

Pour y parvenir deux approches bien distinctes ont été mises en place :

  • Sensibilisation des Ligues et Comités à l’intégration de ce module au sein des formations initiales aux métiers du sport (CQP, BPJEPS, DEJEPS, DESJEPS).
  • Mise en place d’une collaboration étroite avec les collectivités territoriales, en priorité QPV, voulant proposer cette formation à leur tissu associatif local.

Actuellement, 77 personnes ont déjà suivi cette formation VRL au cours de 7 sessions différentes.