Une trentaine de piscines aux portes subitement closes en Île-de-France (à Meudon, Versailles, Mantes-la-Jolie, Mantes-la-Ville, Conflans-Sainte-Honorine, Paris…) mais aussi çà et là dans l’Hexagone, mettant à chaque fois la collectivité locale devant le fait accompli : qui l’eut cru en cette rentrée 2022 alors que l’enseignement de la natation est une priorité d’ordre public encouragée par le Ministère des Sports depuis 5 ans et après 2 saisons de pandémie qui ont entaché la pratique sportive.
Les structures concernées sont toutes gérées par un prestataire privé – Vert Marine – dans le cadre d’une délégation de service public. Pour justifier sa décision avec effet quasi-immédiat – en l’occurrence depuis le 5 septembre – la société invoque « les hausses du coût de l’énergie qui ne permettent plus, aujourd’hui, de gérer les équipements de manière équilibrée économiquement et pérenne socialement ». Concrètement, Vert Marine demande à l’État et aux pouvoirs publics « de prendre les décisions nécessaires et inédites pour revenir à des coûts supportables pour répondre à cette crise urgente ».
« Les chiffres de la noyade ne cessent d’augmenter »
Un ultimatum à peine voilé aux allures de prise en otage des usagers. Le tout au mépris de la continuité de la mission de service public censée être assurée par Vert Marine. Gilles Sezionale, Président de la Fédération française de natation (FFN), réagit : « Alors que chaque année les chiffres de la noyade ne cessent d’augmenter, je souhaite que la responsabilité de chacun puisse être engagée sur cet enjeu de service public. C’est de la responsabilité de chaque collectivité territoriale de fournir un lieu à chaque citoyen pour apprendre à nager – un des savoir-faire fondamentaux – dont l’absence d’apprentissage peut entraîner les pires tragédies ».
La FFN rappelle « qu’érigés en service public depuis plus de deux décennies par nos instances gouvernementales, les dispositifs d’apprentissage de la natation semblaient bénéficier d’un intérêt renouvelé depuis le lancement, en 2019, d’un Plan Aisance aquatique supposé (…) répondre de manière exhaustive à tous les freins susceptibles d’entraver un apprentissage global de la natation ».
Même son de cloche de la part de Laurent Duclos, Président du Cercle des nageurs de Mantes « Je pense surtout aux enfants et à la nécessité de leur apprendre à nager ».
Bref, il y a urgence. Il importe de trouver rapidement une issue afin que la situation ne s’enlise pas. Il en va de même de l’acquisition d’une compétence essentielle, en particulier pour les jeunes générations et donc de la sécurité de ces dernières en milieu aquatique.
Un fondamental dont la Ligue Île-de-France de natation (LIFN) et le CROS Île-de-France s’attachent à valoriser. Ainsi, depuis plusieurs années des programmes respectivement intitulés Aisance aquatique, porté par le ministère des Sports, et J’apprends à nager, formalisé par la Fédération Française de Natation (FFN) sont déployés sur tout le territoire.
Sport en Eau et Journées Aqua Tests avec le CROS Île-de-France
Le CROS Île-de-France relie cet engagement au travers de plusieurs actions qu’il met en place annuellement. Tout d’abord, « Sport En Eau » qui a trait à la familiarisation aux activités aquatiques. Au cours de 3 journées, 300 jeunes de 11 à 17 ans, issus des Quartiers Prioritaires de la politique de la Ville, sont encadrés par des professionnels du sport fédéré afin de se familiariser au savoir « être à l’aise dans l’eau ». Outre la démocratisation de l’accès à la culture de l’eau, les participants à Sport En Eau ont la possibilité de se soumettre au diplôme du Sauv’Nage. Ce test émanant de la Fédération Française de Natation (FFN) est une première étape attestant de l’acquisition des compétences minimales pour assurer sa propre sécurité dans l’eau. Corollaire de cette démarche, le fait que depuis plusieurs années, le CROS Île-de-France organise également le passage du Sauv’Nage lors de sa journée Aqua Tests proposée fin juin à ses licenciés. Une certification est offerte à plus de que 100 jeunes de 8 à 16 ans, affiliés en particulier aux fédérations scolaires et affinitaires, qui ont l’opportunité de valider leurs compétences aquatiques lors de chaque session.
©CROS Île-de-France – Sport en Eau 2021
Alexandre Terrini