Dans une étude publiée au début du mois, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) et l’Institut régional de développement du sport (IRDS) au sein duquel siège le CROS Île-de-France, décryptent l’emploi dans la filière du sport en région francilienne. Le dynamisme affiché est terni par une précarisation dans les statuts.  

Une Région capitale

Parce qu’elle est le théâtre d’un grand nombre de manifestations sportives, dont certaines majeures, mais aussi parce qu’elle est l’épicentre de l’activité du pays et que son territoire en est le plus peuplé, ce qui induit une consommation élevée de bien et de services, la Région capitale, qui abrite le siège de pléthore d’instances (fédérations, ligues, comités et clubs), connaît une croissance des emplois dans le secteur du sport. En l’occurrence, de 2,6 % en dix ans. Un ratio supérieur à celui recensé en province (+2,1 %). Une hausse d’abord imputable à l’essor de certains métiers, en particulier ceux de moniteur et d’éducateur sportif.

Au final, l’importance des chiffres parle d’elle-même : en Île-de-France, ce sont 84 000 emplois dans la filière du sport, soit 19 % du total français et 1,5 % des emplois franciliens tous champs d’activité confondus.

45 % des emplois liés à l’organisation des pratiques sportives

La ventilation de ces postes révèle que 45 % d’entre eux sont liés à des activités inhérentes à l’organisation des pratiques sportives. Les moniteurs, les éducateurs et les sportifs professionnels agrègent en Île-de-France la moitié des emplois du genre. 60 % exercent d’ailleurs au sein d’établissements sportifs, en particulier de clubs. Les autres officient dans l’administration publique, le domaine des loisirs autres que le sport mais aussi dans des établissements de santé ou médico-sociaux.

Les autres emplois ont trait au fonctionnement des établissements chargés de l’organisation desdites pratiques sportives (gestion, administration, communication, maintenance etc.). Toutefois, leur part est en baisse au profit des postes d’encadrement de la pratique.

Paris au cœur du réacteur

Sur le plan géographique, la Capitale concentre à elle seule 36 % des emplois sportifs franciliens. La raison en est évidente : c’est là qu’ont élu domicile un cinquième de la population régionale mais également divers fédérations, équipements sportifs et associations sportives, sans oublier les grandes enseignes de distribution d’articles de sport.

En queue de peloton, figurent les Hauts-de-Seine qui ne concentrent que 12 % des emplois sportifs régionaux, lesquels y sont, de surcroît, davantage concentrés (60 %) sur l’organisation des pratiques.

Quant aux Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) et aux Établissements publics territoriaux (EPT) d’Île-de-France, 14 (sur 63) mobilisent 39 % de l’emploi sportif francilien. Ils sont surtout situés dans des zone denses, autrement dit, dans les départements de la Petite couronne avec un prolongement à l’ouest, dans les communautés d’agglomération de Versailles Grand Parc et de Saint-Germain Boucles de Seine ainsi que dans celle du Grand Paris Seine & Oise. Au sud, figurent également celles du Grand Paris Sud Seine Essonne Sénart, de Paris-Saclay et, au nord, de Roissy Pays-de-France.

Des effectifs jeunes

En 2017, les moins de 25 ans assumaient à eux seuls plus de 20 % des emplois sportifs (avec une pointe à 45 % pour les vendeurs en habillements et d’articles de sport) contre 8 % pour l’ensemble des emplois en Île-de-France

La ventilation par sexe, elle, varie selon l’activité professionnelle. Les Messieurs sont majoritaires (61 %) pour ce qui a trait à l’organisation des pratiques et les Dames (62 %) le sont pour les métiers en amont de la chaîne (vente d’habillements et d’articles de sport).

Des conditions précaires

Le temps partiel est, hélas, plus fréquent dans le champ du sport que dans le reste de l’économie (29 % contre 14 %). Il impacte notamment les professions de moniteur, d’éducateur sportif, de sportif  professionnel et de vendeur.

Autre facteur d’instabilité, l’importance du non-salariat (16 % contre 10 % dans l’ensemble de l’emploi francilien). Une tendance dont pâtissent essentiellement, là encore, les moniteurs, les éducateurs sportifs et les sportifs professionnels.

Enfin, il n’est pas rare que ceux qui ont la chance d’être salariés, le soient à durée déterminée (sous forme de CDD, de contrat d’apprentissage ou en tant que vacataire, saisonnier etc.). Une configuration qui est l’apanage de 18 % des salariés franciliens du sport (contre 13 % du total des salariés de la Région) et d’abord des moniteurs, des éducateurs sportifs et des sportifs professionnels.

Des rémunérations modestes

« Au sein de la filière, dans les secteurs dédiés au sport, les salariés perçoivent des rémunérations moins élevées que les autres salariés franciliens », notent l’INSEE et l’IRDS. La preuve, un sur deux gagne moins de 11,70 euros net par heure contre 14,20 euros pour l’ensemble des secteurs franciliens (salaire net horaire médian). Un constat qui n’empêche pas les disparités en fonction des métiers considérés. Parce qu’ils sont moins qualifiés et jeunes, les vendeurs perçoivent des salaires plus faibles (9,90 euros de l’heure) corrélés à des durées de travail moindres. De manière générale, ces dernières ont pour cause la saisonnalité sportive (pauses estivales) et des rythmes de pratique inégalement répartis (majoritairement en fin de journée ou le week-end).

De leur côté, les moniteurs, les éducateurs sportifs et les sportifs professionnels touchent en moyenne 12,40 euros de l’heure. Les sportifs professionnels, quant à eux, sont très au dessus de cette moyenne.

Reste que ces paramètres entravants expliquent que ces postes à faibles volume de travail et/ou de rémunération soient considérés par 36 % de ce ceux qui les occupent comme des activités de complément. Avec, à la clef, un cumul d’emplois auquel sont obligés de s’astreindre la moitié des moniteurs, des éducateurs sportifs et des sportifs professionnels d’Île-de-France. Ce qui est loin d’être anodin.

Alexandre Terrini