Un débat sur les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 est venu conclure, le 29 juin, le Salon de l’Association des Maires d’Île-de-France (AMIF) qui se tenait Porte de Versailles, à Paris. Intitulé « Les collectivité territoriales s’engagent ! », il a été l’occasion de rappeler la contribution autant que les aspirations des acteurs. 

C’est à Stéphane Baudet, Président de l’Association des Maires d’Île-de-France (AMIF), qu’il est revenu de planter le décor. « Les évolutions sociétales placent le sport au cœur des transitions que connaissent les villes », a-t-il pris soin de rappeler. Et de citer en guise d’illustration du propos, le cas de la commune dont il préside aux destinées, Évry-Courcouronnes, dont environ la moitié des administrés qui s’adonnent à un sport ne sont plus adhérents d’un club : « Ils sont dans une autonomie de pratique, ce qui ne les empêche pas d’être des sportifs de bon niveau mais sans accompagnement, ce qui interroge sur notre capacité à les capter et, justement, à les accompagner. Le tout bouscule nos habitudes institutionnelles très ordonnées. » Sachant que l’Île-de-France est la région française la plus sous-dotée en équipements sportifs. A cet égard, les JOP sont une précieuse opportunité de remettre le sport au goût du jour.

Une convention de partenariat entre les deux associations qui a pour objectif principal l’accompagnement des collectivités labellisées « Terre de Jeux 2024 » dans leur aventure sportive, olympique et paralympique a été signée ce même-jour le 29 juin à 12h30 entre Evelyne Ciriegi et Stéphane Beaudet, en présence de Christian Auger, Vice-président en charge des Politiques Publiques et du Haut niveau au CROS Île-de-France et Raphaël Praca, Référent de la commission « Sports » de l’AMIF. En témoigne la photo ci-dessus.

« Surtout réussir les trente années d’héritage qui suivront les Jeux »

Président du Département de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel ne dit pas autre chose : « Il y a une mutation engagée sur le territoire de Seine-Saint-Denis en termes économiques, de logement, d’aménagement urbain, de cadre de vie, de culture de sport… Après la désindustrialisation, nous avons connu un premier épisode de redécollage de la Seine-Saint-Denis avec le Stade de France et la reconversion des friches industrielles autour de celui-ci. Mais ce développement n’a pas suffisamment irrigué la Seine-Saint-Denis. En outre, il n’a pas fait bouger les réalités économiques et sociales. Il faut, maintenant, que l’on entre dans la mobilisation et l’implication de la population. Les JO, de par le nombre de projets qui leur sont liés, sont une manière d’accélérer ce développement en générant de l’activité, en accélérant les transformations et en changeant vraiment la réalité de ce territoire. » Car c’est bien le long terme qui importe : « Nous voulons tous réussir les trente jours de compétitions mais moi, je veux surtout réussir les trente années d’héritage qui suivront. Le but est de réussir l’ensemble de cette transformation pour qu’elle serve le développement de ce territoire et ses habitants. Je ne peux pas accepter que l’on accueille les plus grands nageurs du monde en 2024 mais que l’on reste dans cette situation où plus de 60 % des gamins ne savent pas nager lors de leur entrée en sixième. »

De son côté, la Région entend rester pleinement coactrice du projet, a assuré Yasmine Camara, sa déléguée spéciale aux JOP. Elle entend jouer « un rôle majeur » et « être partie prenante de ces Jeux ». Elle en est, au demeurant, la première collectivité financeuse à hauteur de plus de 250 millions d’euros. Plus largement, « au-delà d’une présence dans toutes les instances, la Région a voulu aller au-delà pour être prête », a insisté Yasmine Camara. À la clef, des investissements importants en matière de transports et d’infrastructures mais aussi d’emploi et de formation professionnelle aux métiers des JOP. Faire participer la jeunesse, lycéens et collégiens, dans le cadre du dispositif Génération 2024 et du recrutement de volontaires ou encore, de stages de découverte sont tout autant des priorités. « Depuis 2016, sous la houlette du vice-Président Patrick Karam, nous avons financé plus de 1 600 équipements sportifs sur tout le territoire, a expliqué Yasmine Camara. C’est aussi ça l’héritage : faire que tout Francilien, quels que soient son âge, sa discipline, son niveau, sa situation de handicap ou pas, puisse pratiquer son sport comme il l’entend. »

« Les clubs vont se remettre en question »

Pour cela, la machine est lancée et plutôt bien, a confirmé Pierre Rabadan, adjoint à la Mairie de Paris en charge du Sport et des JOP. « Nous sommes dans les temps et nous tenons les délais malgré les contraintes, a-t-il confirmé. Il faut se servir du levier des Jeux comme d’un accélérateur des politiques publiques. Nous sommes regardés par le monde entier et nous souhaitons que ces Jeux aient un impact territorial. » Par exemple, en pouvant d’ici peu se baigner dans la Seine.

Ce qui ne serait pas pour déplaire à Evelyne Ciriegi, Présidente du CROS Île-de-France et de la Conférence régionale du sport, membre de la Fédération Française de natation et pour qui les Jeux sont avant tout le fruit d’une œuvre collective : « Nous nous préparons tous, à notre niveau, à contribuer à la réussite de cet évènement inclusif et impactant. Les JO vont rayonner même sur la plus petite structure ou la plus petite commune. C’est cela qui est formidable et qui nous séduit. » Surtout, cette « aventure commune et partagée » vaut parce qu’elle s’adresse au plus grand nombre. « Le sport pour tous et à tous les niveaux est celui que je défends le plus, dans un combat social dans tous les territoires avec les transitions qui sont celles d’aujourd’hui, a martelé Evelyne Ciriegi. Les clubs vont se remettre en question pour savoir accueillir tout le monde dans la convivialité, le plaisir mais aussi dans le cadre du sport-santé. » Sans omettre d’accompagner les sportifs de haut niveau, comme le fait le CROS Île-de-France. Ce dernier s’appuie sur des championnes et des champions qui, à l’image de la boxeuse Sofia Nabet et du joueur de cécifoot Yvan Wouandji, sont ses ambassadeurs. « Ils drainent des énergies et des envies, a affirmé Evelyne Ciriegi. Ils nous font croire à la magie du sport, lequel réunit de manière inspirante les uns et les autres sans différenciation de personne. » Le vivre ensemble ne peut alors qu’en sortir renforcé.

Alexandre Terrini