Le séminaire, qui s’est tenu à l’Insep, le 18 juillet, sous l’impulsion de la ministre des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra, et en présence de la Présidente du CNOSF, Brigitte Henriques, a été une précieuse occasion d’explorer les voies menant à une vision partagée et à une gouvernance clarifiée du sport en France. Dont le CROS Île-de-France se veut pleinement partie prenante.

Un sport multifacettes

Cette réflexion commune avait pour ambition de formaliser les conditions d’un modèle sportif fortifié avec trois cibles prioritaires : la jeunesse, l’inclusion et enfin, la santé et le bien-être. Autrement dit, de tendre vers un sport tout à la fois, d’excellence, engagé, robuste, responsable et influent. Autant de qualificatifs dont certains impliquent encore plus que d’autres, sur le terrain, les régions.

Ainsi un sport engagé commande-t-il de préserver la vitalité du bénévolat par un choc de simplification des procédures administratives, une meilleure valorisation de l’expérience, la mise en œuvre de la parité dans les instances nationales et régionales des fédérations et par une attractivité retrouvée du volontariat pour les jeunes générations. Dans le même ordre d’idée, il s’avère nécessaire de soutenir le rôle des clubs comme carrefours de vie et de transmission. Comment ? En accompagnant l’emploi en faveur du développement de la pratique dans les petites structures ou encore, en valorisant le rôle social des clubs comme creusets de la transmission de valeurs et du savoir dans la mixité.

Un sport robuste suggère, lui, de mettre l’accent sur la formation et les ressources humaines, par exemple, via une répartition mieux objectivée des Conseillers techniques sportifs (CTS) au bénéfice des fédérations. Idem pour ce qui est des ressources financières qui doivent être optimisées. Là, différentes pistes sont envisagées telles l’expérimentation de formules inhérentes à l’économie sociale et solidaire, une mesure plus suivie de l’impact sociétal des investissements dans le sport, le développement des ressources propres (organisation  nouveaux événements, développement du mécénat…) etc.

Un sport responsable impose l’exemplarité sur les sujets d’éthique et d’intégrité. En clair, de prévenir et de lutter contre les violences sexuelles, d’éliminer toutes les formes de violence et de discrimination dans les stades ; de faire montre d’engagement et de rigueur en matière d’éthique et à d’intégrité (dopage, paris sportifs, cyber-harcèlement etc.) et enfin, de promouvoir la laïcité contre le séparatisme. Autant de chevaux de bataille que le Cros Île-de-France a enfourchés depuis longtemps, ne serait-ce qu’en proposant des formations sur certaines de ces thématiques

Paris 2024, l’immanquable rendez-vous

En toile de toile de fond de cette mutation générale, un impératif évident : réussir les Jeux de 2024 à Paris. Ce qui passe par une organisation irréprochable, des athlètes français au meilleur de leurs performances, une vraie fête populaire et un héritage durable pour le pays.

La dimension festive exige notamment la mise en place d’outils d’animation des territoires, qu’il s’agisse du label Terre de Jeux, des centres de préparation aux Jeux, des fan zones et autres animations dans les villes, d’une billetterie sociale ou encore, de l’organisation de courses de masse.

Quant à l’héritage, il a vocation à être profitable dès le lendemain des Jeux avec l’accès à des infrastructures à forte dimension écologique et sociale, notamment en Seine-Saint-Denis, mais également à s’inscrire dans la durée grâce à l’engagement de tous les ministères en faveur de la place du sport en France et à l’accélération des politiques publiques du sport dans tous les territoires.

Mettre de l’huile dans les rouage de la gouvernance

Ce séminaire a été l’occasion de prendre acte de qui, en la matière, va et va moins bien. Parmi les points positifs, le fait que l’Agence nationale du sport (ANS) associe désormais quatre parties prenantes incontournables (l’État, les collectivités territoriales, le mouvement sportif et le monde économique) au niveau central comme territorial avec d’ores et déjà des avancées importantes. Que ce soient une réelle collaboration au seins des différents collèges, des moyens renforcés pour les programmes Ambition Bleue et Impulsion sport, la recherche d’un équilibre entre les parts nationale et territoriale dans les priorités et les financements de l’ANS.

Cependant, des points d’amélioration existent et ont été identifiés tant sur le plan institutionnel que fonctionnel. En l’occurrence, la Direction des Sports du ministère qui n’a pas encore pu se réinventer suite à la création de l’ANS avec, à la clef, un partage des responsabilités entre les deux entités qui comporte des zones de flou et des relations de travail pas assez fluides, une mutualisation insuffisante des ressources entre les acteurs etc.

Surtout, les participants ont convenu qu’il demeure toujours très ardu d’enclencher une vraie dynamique de gouvernance partagée à l’échelon territorial. Là, la région Capitale fait figure, sous l’impulsion du CROS Île-de-France, de très bonne élève puisqu’elle est l’une des seules à s’être déjà dotée d’une Conférence Régionale du Sport, d’une Conférence des Financeurs (CRF), d’un Projet sportif territorial (PST) dûment arrêté et fruit de diagnostics territoriaux précis.

Pour autant, le bilan global, à l’échelle de l’ensemble du pays, est que ces diagnostics ne se transforment pas encore suffisamment en projets sportifs territoriaux faute d’une appropriation suffisante par les uns et les autres, sachant que les priorités actées dans les PST sont souvent trop nombreuses. Quant aux collectivités, elles sont peu habituées à penser des schémas communs d’intervention dans le sport. Par ailleurs, certaines responsabilités, désormais partagées dans le cadre d’une chaîne d’acteurs plus étoffée, n’ont pas été assez finement réparties. Illustration du propos pour ce qui est de la performance avec, pêle-mêle, l’ANS, les Maisons régionales du sport (PRS), les Responsables Régionaux de la haute performance (RRHP) etc.

Quant à l’animation des conférences régionales, elle ne fait pas encore l’objet d’une responsabilisation assez claire. A voir, le fonctionnement déjà rodé de celle d’Île-de-France, il n’est pas usurpé de penser qu’elle échappe à ce constat.

Twitter ©Amélie Oudéa-Castéra

Quoi faire ?

Quatre axes de travail ont été actés pour faire mieux :

  • Tirer toutes les conclusions des innovations institutionnelles intervenues ;
  • Mieux répartir les responsabilités lorsqu’elles sont partagées, de façon concrète, thématique par thématique et en animant le dialogue avec les bons outils contractuels et des interactions de qualité ;
  • Instiller davantage de synergies dans les diverses initiatives ;
  • Mieux décliner la gouvernance collégiale du sport dans les territoires.

Concernant ce dernier point qui intéresse plus particulièrement le Cros francilien, des solutions ont été actées :

  • Instaurer des commissions permanentes en format restreint au sein des Conférences régionales pour assurer la continuité des travaux ;
  • Partager les bonnes pratiques entre les régions ;
  • Reconnaître le rôle central du préfet de Région pour passer du diagnostic au projet
  • Positionner les Délégations régionales académiques à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (DRAJES) comme des catalyseurs pour amorcer la dynamique et favoriser la responsabilisation de tous les acteurs dans une logique de subsidiarité ;
  • Redonner du sens aux PST en priorisant les enjeux spécifiques aux territoires en concertation avec tous les niveaux de collectivités ;
  • Choisir un projet phare dans chaque territoire pour donner du sens et démontrer la valeur ajoutée des Conférences régionales ;
  • Utiliser les fonds d’amorçage territoriaux
  • Faire qu’une partie des crédits abondent des projets émanant du terrain tout en enclenchant des cofinancements de projets utiles et pertinents pour les territoires
  • Se conformer à un agenda partagé et ambitieux (activation de toutes les Conférences régionale et des PST d’ici fin 2022 et de toutes les Conférences des financeurs d’ici le premier trimestre 2023…)

Faire entendre la voix du mouvement sportif

Comme l’a confirmé la Présidente du CNOSF, Brigitte Henriques, « ce séminaire a été l’occasion de porter les propositions du mouvement sportif francilien et français dans le cadre d’une vision partagée par les acteurs et de présenter le rôle que joue et va jouer le CNOSF dans la gouvernance du sport français. Et ce, en tenant compte de l’importance d’associer les Président(e)s de fédérations et les CROS, CDOS et CTOS dans cette réussite collective ».

A cet égard, la Présidente du CROS Île-de-France, s’inscrit pleinement dans cette dynamique qui vise à faire entendre la voix du mouvement sportif et laisse présager que le sport francilien sera entendu à l’échelle nationale pour apporter sa pierre à l’édifice. Evelyne CIRIEGI en tant que Présidente du CROS Île-de-France et de la CRdS francilienne insiste : « Le CROS est mobilisé depuis longtemps pour que l’héritage des JOP 2024, tant en termes d’infrastructures que de valeurs, soit tangible et durable pour les territoires, les ligues et le comité et, bien sûr, l’ensemble de la population, la dimension sociétale étant essentielle. Ce qui en outre, incite à impliquer davantage les territoires, pas uniquement les Terres de Jeux mais aussi les villes abritant des QPV ou situées en zone rurale. L’idée étant que chacun trouve pleinement sa place dans cette aventure collective afin qu’elle se prolonge par des lendemains porteurs pour le sport en Île-de-France ».

Twitter ©Amélie Oudéa-Castéra

Twitter ©Amélie Oudéa-Castéra

Alexandre Terrini