La deuxième édition de l’opération « Les Champs pour Elles » s’est tenue le 29 juillet, à Paris. Cet événement, dont la vocation est de militer pour la féminisation de la pratique, a notamment pour partenaire le CROS Île-de-France. Il a donné l’opportunité à 250 femmes de rouler sur le circuit d’arrivée du Tour de France en empruntant l’avenue des Champs-Élysées.

L’année dernière, pour son lancement, cette manifestation avait réuni, dans la Capitale, plus de 2 024 participantes. Un chiffre qui faisait bien sûr référence à la candidature de Paris pour accueillir les Jeux de 2024. Cette fois, elles étaient un peu moins de 300. Non pas que le concept ait connu, douze mois plus tard, moins de succès. Simplement, le fait qu’il ait été préalablement décliné dans plusieurs grandes villes de l’Hexagone ainsi que des contingences logistiques ont incité l’organisateur, Amaury Sport Organisation (ASO), à limiter le nombre d’inscrites.

 « Mettre l’accent sur le loisir et sur la pratique en famille »

Les Champs pour Elles est le fruit d’une idée commune de la Fédération Française de Cyclisme (FFC) et de la Française Des Jeux (FDJ). « L’objectif est de montrer, d’une part, que le cyclisme n’est pas réservé aux hommes mais qu’il est également ouvert aux femmes et, d’autre part, que le vélo, ce n’est pas que la compétition. On peut aussi le pratiquer pour sa santé, pour vivre un moment de convivialité ou, en l’occurrence, en ayant l’occasion de s’identifier à des parcours mythiques habituellement réservés aux hommes », explique Marie-Françoise Potereau, vice-Présidente de la FFC en charge du cyclisme féminin et du haut niveau. « Jusque-là, la Fédération avait une connotation très compétition et le loisir avait peut-être été un peu oublié, admet Mathilde Dupré, Conseillère technique nationale (CTN) qui supervise le Plan de féminisation. C’est pourquoi nous nous efforçons de mettre l’accent sur ce volet et sur la pratique en famille ainsi que sur le bien-être et le sport santé. A la Fédération, nous avons d’ailleurs une cellule composée de médecins qui travaillent sur les effets positifs de la pratique du cyclisme, en particulier chez la femme. » Un discours qui commence à faire de plus en plus d’adeptes, notamment chez les 30-40 ans. La preuve ? « Cette année, aux Champs pour Elles, il y a eu tous les profils, de la triathlète chevronnée à la randonneuse en passant par la cycliste aguerrie et celle qui va chercher son pain en Vélib’ », insiste Mathilde Dupré.

A ce jour, la FCC ne compte que 10 % de licenciées. « Si l’on n’arrive à 20 % dans cinq ans, ce sera une réussite, souhaite Mathilde Dupré. Il ne faut pas être trop gourmand car il faut du temps pour faire évoluer les mentalités. Le but est de casser l’image qui veut que le cyclisme soit forcément féminin. » La FFC s’y emploie assidûment. Tout d’abord en mettant en place, à travers le territoire, des initiations exclusivement réservées aux dames et aux demoiselles afin qu’elles découvrent différentes spécialités, à l’image du VTT, du BMX etc. Autres vecteurs, des cyclo-sportives 100 % féminines ou encore, l’instauration de passerelles permettant à des triathlètes affiliées à leur Fédération de s’aligner à des épreuves de la Fédération française de cyclisme sans avoir à prendre une deuxième licence. Idem en ce qui concerne les élèves membres de l’Union nationale du sport scolaire (UNSS) afin qu’ils puissent intégrer les écoles de vélo des clubs.

« Le CROS Île-de-France défend le sport pour tous et le sport santé »

« Nous ne voulons pas faire du saupoudrage mais privilégier des axes forts », résume Mathilde Dupré, sachant que contrairement à la natation, le cyclisme n’est pas obligatoire à l’école. « S’il existait un programme Savoir rouler à l’image de celui intitulé Savoir nager, nous toucherions davantage de jeunes filles qui seraient incitées à faire du vélo », assure Mathilde Dupré. « Ce que nous voudrions au plus profond de nous, c’est retrouver un Tour de France féminin », conclut Marie-Françoise Potereau, laquelle est « ravie que le CROS Île-de-France soutienne cette action car cela a beaucoup d’importance dans la mesure où c’est une caution du mouvement sportif ».

Un engagement qui sonne comme une évidence, comme le rappelle Évelyne Ciriegi, Présidente du CROS Île-de-France : « Les Champs pour Elles met à l’honneur la pratique sportive au féminin autour du vélo lequel n’est pas, à l’origine, un sport très tourné vers les femmes. Or, au sein du CROS, nous sommes très sensibles à l’idée qu’elles puissent accéder à n’importe quelle discipline. Plus largement, le CROS Île-de-France défend le sport pour tous et le sport santé, autant de valeurs qui sont celles de cette opération. Enfin, le fait que Les Champs pour Elles se déroule dans le cadre d’une épreuve internationale comme le Tour de France permet aux femmes de profiter, elles aussi, de l’engouement populaire qui l’accompagne. » Et qu’elles méritent amplement.

Alexandre Terrini