Le championnat d’Europe de rugby fauteuil se tient du 22 au 26 février, à Paris, à la Halle Carpentier. Il réunit les huit meilleures nations continentales dont la Grande-Bretagne, championne paralympique et européenne en titre et, bien sûr, la France, sixième au classement mondial. Un événement prestigieux qui se veut avant tout inclusif.

Vingt rencontres, quatre matchs par jour, cent joueurs qui en décousent et les quatre premiers qualifiés pour le championnat du monde qui aura lieu à Vejle, au Danemark, en octobre prochain : les chiffres attestent de l’importance de cette compétition majeure, prélude à trois autres qui se dérouleront dans l’Hexagone dans les prochaines années. En l’occurrence, la Coupe du monde en 2023, les Jeux paralympiques de Paris en 2024 et la Women’s Cup en 2025.

Le rugby fauteuil est en effet est un sport mixte dans la mesure où il s’adresse aux athlètes masculins et féminins atteints d’un handicap lié à la mobilité d’au moins trois membres, jambes et bras. La plupart ont été victimes de lésions de la moelle épinière ou d’infirmités motrices cérébrales, de dystrophies musculaires, d’amputations, de poliomyélites et autres troubles neurologiques. Chacun est l’objet d’une classification par points fondée sur l’étendue de son handicap.

Les équipes doivent aligner des joueurs avec différents points de classification afin de leur permettre d’évoluer ensemble au regard de leurs capacités respectives. Sachant que les uns et les autres se voient attribuer un total de points qui augure de leur fonction. Les gros points sont généralement ceux qui portent le ballon et les petits points ceux chargés de bloquer l’adversaire. Mais la chose n’a rien de figé, l’objectif étant d’aligner une escouade de quatre joueurs qui soit la plus compétitive possible.

 « Le rugby fauteuil percute les préjugés »

La fine mécanique a également son importance dans la mesure où il existe deux types de fauteuils : les offensifs et les défensifs. Les premiers sont conçus pour la vitesse, la mobilité et ont un pare-chocs à l’avant avec des ailes pour éviter d’être accrochés par les adversaires ; les seconds sont aussi pourvus d’un pare-chocs pour accrocher et maintenir les autres joueurs.

Pour le reste, la discipline combine certains éléments du basket-ball, du handball et du hockey sur glace. L’objectif consiste à marquer un maximum d’essais en franchissant la ligne d’essai adverse en possession de la balle. Celle-ci peut être passée, lancée, dribblée, roulée ou portée dans n’importe quelle direction. Celui qui est en possession du ballon doit dribbler ou le passer toutes les dix secondes. Si les contacts entre les fauteuils roulants et avec le ballon sont autorisés, ceux entre joueurs sont interdits. Le tout en intérieur, sur un terrain de basket et avec une balle similaire à celle du volley-ball.

Par-delà le strict enjeu sportif, cet Euro est aussi une précieuse occasion de se familiariser non seulement avec cette pratique mais, plus largement, avec le handisport. « Le rugby fauteuil percute les préjugés et bat en brèche l’image que l’on se fait du handicap. On n’imagine pas qu’il y a autant d’énergie et de puissance », résume Ryadh Sallem, pilier de l’équipe de France et membre du Bureau exécutif du Cros Île-de-France. C’est pourquoi un public éclectique y a été convié, composé en particulier de scolaires et de pensionnaires d’institutions du secteur du handicap.

« Le CROS Île-de-France entend développer tous les sports »

En outre, la journée 24 février était dédiée à l’emploi des personnes en situation de handicap qu’elles soient sportives ou pas, cette initiative ayant été ouverte à tous. Les intéressés ont ainsi pu trouver des informations sur le programme « 2024, Toutes championnes, Tous champions », relatif à l’insertion via la formation et l’emploi autour du sport. Ils ont également rencontré divers acteurs du handicap, notamment l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (Agefiph), et participé à des ateliers d’aide à la recherche d’emploi (présenter son parcours en deux minutes, parler de son handicap, rédiger son CV…). Une sorte de job dating, en somme, puisque plusieurs entreprises étaient au rendez-vous. Dans un autre registre, des initiations au rugby fauteuil, au tennis de table et au mur digital Soft skills Booster proTH ont été proposées aux participants.

Une dimension plurielle qui a forcément conduit le CROS Île-de-France à parrainer la manifestation « qui porte toutes valeurs du mouvement sportif et d’abord, l’amitié qui se transforme en fraternité, justifie Ryadh Sallem, par ailleurs Président de Cap sport art aventure amitié (Capsaaa), coorganisatrice de l’Euro. Le CROS Île-de-France entend développer tous les sports, en particulier ceux méconnus. Il met un point d’honneur à braquer les projecteurs sur le paralympisme. Son rôle est aussi de s’impliquer en amenant des ressources humaines et logistiques. » Mission accomplie.

Alexandre Terrini