L’élection à la présidence de l’institution, pour succéder à Denis Masseglia, aura lieu le 29 juin. Deux femmes et deux hommes sont en lice et ont présenté leur programme dans le cadre d’un grand oral. En voici la synthèse. Après avoir donné, la semaine dernière, la parole aux deux candidates, nous en faisons de même pour les deux autres candidats.
Patrice Martin, Président de la Fédération française de ski nautique et de wakeboard et vice-Président du CNOSF
Thierry Rey, conseiller spécial de
Paris 2024
« Ensemble pour le sport », tel est le leitmotiv du programme de l’ancien multiple champion du monde de ski nautique. Lequel n’est « pas candidat pour être président mais pour incarner la présidence ; pour porter une vision ambitieuse et d’avenir et rassembler tout le sport ; pour que le sport occupe toute la place qu’il devrait déjà occuper au sein de la société française ». Et d’enfoncer le clou : « Je veux être le président du sport et de tous les sports, celui qui va rompre avec les habitudes sclérosantes, celui qui aura compris la diversité du sport et la singularité de tous les sports pour porter leurs voix. » L’enjeu ? « L’avènement de la première génération sportive de France. » Ce qui commande donc de « poser les fondations d’une France sportive » afin que dans vingt ans, la moitié des Français pratiquent régulièrement une activité physique et sportive et qu’un tiers d’entre eux possède une licence.
Pour donner corps à l’ouverture et à l’intelligence collective qu’il appelle de ses vœux en vue « de penser et de réaliser le sport que l’on veut dans vingt ans », le Président de la FFSNW s’appuie sur cinq axes aux allures de mots d’ordre.
La gouvernance
Tout d’abord, la gouvernance. Là, il s’agira notamment de moderniser la structure et le fonctionnement du CNOSF dans l’espoir « d’assurer une meilleure coordination de l’ensemble des parties de l’institution et du secteur ». Les décisions tout comme les actions, seront concertées après qu’en amont aient été « créés l’outil et la méthode de l’influence du CNOSF sur la scène politique ». La désignation d’un référent par CROS pour développer le mécénat sur les territoires constitue une piste parmi d’autres.
La représentativité
La représentativité invite, quant à elle, « à élargir le socle du CNOSF et à renforcer les fondations fédérales » mais également à affirmer et à développer une approche culturelle du sport dans une vision prospective. Pour cela, il est prévu de constituer des commissions sectorielles des sports de pleine nature, de combat, collectifs etc. Ou encore, de proposer au Gouvernement d’inclure le sport parmi les enjeux de la présidence de l’Union européenne qui sera assumée par la France en 2022.
L’accessibilité
L’accessibilité entend faire que le sport soit à « la portée de toutes et de tous » quels qu’en soient les vecteurs : la santé, l’inclusion et l’éducation en « proposant une continuité éducative par le sport ». Le CNOSF aura pour mission d’imaginer des « outils qui soient à la disposition des fédérations et qui conçoivent, encadrent et distribuent le sport ».
Sans omettre de « penser le sport digital de demain ». Un sport qu’il est, par ailleurs, indispensable de « rendre plus ludique pour les jeunes et plus facile à tout âge ». Et dont on rendra compte via une médiatisation à 360 degrés complétée par la future radio numérique terrestre.
La collaboration
Quatrième incontournable, la collaboration ou comment faire pour que chacun trouve sa place au CNOSF, travaille et contribue au progrès du sport français. Là, Patrice Martin mise, au quotidien, sur des mesures actées collégialement, quitte « à construire des passerelles, à organiser le dialogue entre tous les acteurs et à créer des lieux d’échange et de mutualisation, en particulier de services ». Parallèlement, le siège du CNOSF fera l’objet d’une réorganisation qui le rendra plus ouvert aux fédérations et au public, histoire qu’il « redevienne la Maison du sport français ».
L’excellence
Enfin, ultime maillon de la chaîne, l’excellence mais « pas à n’importe quel prix », dans « l’éthique de Rousseau et des Droits de l’Homme qui doit nous guider ». A la clef, outre des partenariats externes pour s’adjoindre de l’expertise, l’avènement d’un Centre d’entraînement olympique et sportif en complément de l’Insep et d’un observatoire indépendant pour produire de la data utile.
Qu’on se le dise, Patrice Martin ne veut pas d’une « organisation de l’entre-soi ni de la complainte aveugle et sourde ».
« Nous devons faire de ces quatre ans un mandat utile pour le sport et efficace pour le CNOSF et ses cent-huit membres, clame l’ancien champion olympique de judo. Notre Comité doit retrouver sa dimension politique au sens noble du terme, dans une logique d’engagement et de responsabilisation qui nous fait tant défaut. Pour peser dans le débat à la place qui doit être la nôtre, il nous faudra affirmer ce que nous sommes et être reconnus pour ce que nous sommes. Nous nous devons de défendre et de porter haut les valeurs de notre modèle. »
Un redimensionnement de la relation avec les pouvoirs publics
Thierry Rey plaide pour « une revalorisation et un redimensionnement de notre relation avec les pouvoirs publics, particulièrement avec l’Exécutif et l’Agence nationale du sport (ANS) » dont il revendique, au demeurant, « la présidence ou, a minima, la coprésidence ». L’idée est d’arrêter un programme de rencontres avec ceux qui nous gouvernent et de renforcer la collaboration avec eux en « contractualisant des conventions de partenariat avec les associations d’élus et des conventions d’objectifs avec les territoires ». Pour être à la page de l’actualité, une veille législative et réglementaire est, de surcroît, nécessaire tout comme le fait « d’engager un travail de réflexion et de préconisation pour être force de proposition ».
« Encourager le rapprochement entre les clubs, les collectivités locales et l’école »
Thierry Rey fait, lui aussi, de l’éducation une priorité dans le but avéré de « promouvoir une véritable culture sportive et les dispositifs appropriés au sein de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur ». Comment ? En « encourageant le rapprochement entre les clubs, les collectivités locales et l’école afin de partager un projet éducatif commun autour du sport » ; en « rouvrant le dossier de l’aménagement des rythmes scolaires » ; enfin, en « travaillant avec le monde universitaire pour accroître la place du sport dans la vie étudiante ».
Initier une grande cause nationale de santé annuelle
Pour ce qui est de la responsabilité sociétale et environnementale, il est envisagé de « mettre en place des méthodes, des expertises et des outils partagés pour évaluer les impacts environnementaux et sociétaux du sport ». Autre impératif, « confier aux organismes déconcentrés du CNOSF une mission de lutte contre toutes les formes de violences en tant que centres indépendants d’écoute et d’action ».
Dans un autre registre, si Thierry Rey déplore que « le sport santé soit devenu une appellation fourre-tout qui englobe des actions efficaces mais trop disparates et sans lien complémentaires les unes avec les autres ». Il suggère d’initier et d’instaurer une grande cause nationale de santé annuelle portée par l’ensemble du mouvement sportif.
Renforcer le rôle des instances territoriales
Quid du CNOSF lui-même ? Le conseiller spécial de Paris 2024 veut de « nouveaux rapports entre le Comité et ses cent-huit membres, de nouveaux liens entre nous à base d’empathie et d’écoute, dans le respect de nos différences, avec l’assurance que notre diversité est une force ». D’où l’idée de pérenniser les universités d’été du CNOSF.
En somme, ce dernier se doit d’être dans l’action. Ce qui signifie, pêle-mêle, créer un centre de ressources, de recherche et d’innovation « fonctionnant comme un open lab ou une plate-forme pour accompagner les Fédérations dans leur gestion opérationnelle au quotidien » mais également mutualiser les services et les supports techniques, bâtir un centre de formation du mouvement sportif, renforcer le lien avec la Fondation du sport français et instaurer un observatoire de la pratique sportive avec les acteurs du secteur marchand. Le tout ayant vocation à « permettre aux fédérations de penser l’avenir du sport et de rechercher des financements complémentaires et alternatifs » dans la mesure où le CNOSF est « un acteur économique » à part entière.
Doté d’une gouvernance revue et corrigée, les membres du Bureau étant titulaires « de mandats de mission » tandis que les commissions verront leurs pouvoirs accrus. Ce qui n’interdit pas de « déconcentrer notre organisation pour renforcer le rôle des instances territoriales (CROS, CDOS CTOS), lesquelles bénéficieront de pouvoirs renforcés » car « ce sont eux qui connaissent, ce sont eux qui font ».
Reconsidérer le bénévolat
En clair, les chantiers sont nombreux. A cet égard, on peut citer le souci de « reconsidérer le bénévolat et la professionnalisation du mouvement sportif ». Thierry Rey prône d’engager une mission d’expertise et de recommandation relative à la reconnaissance de l’expérience bénévole, d’organiser les États généraux du bénévolat sportif et du statut de dirigeant et de lancer « un chantier sur la question de l’emploi sportif ».
De même, le haut niveau fera-t-il l’objet d’un sérieux toilettage en « initiant un débat autour d’une politique et d’une organisation renouvelée » dans ce domaine. A cet effet, Thierry Rey souhaite, d’une part, « réévaluer le rôle du CNOSF et sa place au sein de l’ANS » et, d’autre part, « défendre les intérêts des acteurs qui font le haut niveau tout en s’appuyant davantage sur les préconisations de la Commission des athlètes » du CNOSF.
Alexandre Terrini